-
Début septembre 1944, les alliés arrivent aux frontières de la Belgique. Les allemands sont en déroute et perdent le port d'Anvers, qu'il n'ont même pas eu le temps de détruire. La victoire est à portée de main, croit-on dans les états-majors...
Mais le port n'a pas pu être utilisé pendant près de trois mois (du début septembre au début décembre 1944), car l'embouchure de l'Escaut était encore entre les mains des allemands. Il y avait des troupes allemandes sur l'ile de Walcheren (il faudra un débarquement par la mer pour les déloger: c'est l'Opération Infatuate) et en Flandre, entre l'embouchure de l'Escaut Occidental et le Canal Léopold qui va de Zeebruges au Braakman, à l'est de Terneuzen. Il est interessant de noter que le Canal Léopold avait à l'origine une fonction militaire (notament nous protéger d'une invasion des Hollandais) et que les allemands ont retourné la situation en leur faveur.
Début septembre c'est l'euphorie. La plus grande partie de la Belgique a été libérée sans grandes pertes humaines. Une opération derrière les lignes allemandes est lancée (Market Garden), mais c'est un “pont trop loin”. Le problème, c'est que l'intendance ne suit plus. Il faut toujours faire venir le matériel des ports français de Bretagne, là où les allemands surpris par le débarquement n'ont pas eu le temps de tout détruire. Les ports français dans le Nord sont pratiquement inutilisables à cause des destructions (ou parce que les allemands en ont fait une place forte qu'il est impossible de prendre: Dunkerque restara en effet aux mains des allemands jusqu'à la fin de la guerre. Les Allemands se sont retranchés derrière le Canal Léopold, une barrière difficile à franchir, de plus que toute la région a été mise sous eaux: pas possible d'envoyer les chars. Le Canal Léopold suit le Canal de Schipdonk (qui relie la Lys), et ces deux canaux parallèles sont pratiquement infranchissables.
Opération SwitchbackL'avance est lente, laborieuse et coûteuse en vies humaines. Toute la région est bombardée par l'aviation alliée et par les canons allemands. Il s'agit d'une étendue totalement plate et boueuse, ce qui avantage les défenseurs. On voit les attaquants venir de loin, et les digues et les petits canaux forment des obstacles naturels qui ne peuvent être franchis qu'après de lourds combats. Chaque tête de pont est bombardée par les allemands, les alliés doivent se replier à plusieurs reprises, laissant de nombreux morts et blessés dans la région. Si les alliés ont finalement remporté la bataille, c'est à cause de leur supériorité numérique. Il fait froid, il pleut tous les jours. Les allemands font venir des renforts via le port de Breskens (les alliés, trop occuppés à se dépétrer de l'opération Market Garden n'ont à ce momment pas les moyens d'intervenir). La libération de la Zélande fera plus de morts et de blessés que le débarquement. Mais on n'en parle peu, car les Américains n'étaient pas présents (ce sont surtout des canadiens qui ont participé aux batailles). De plus, il faisait gris tous les jours, et c'est la seconde raison pour laquelle on n'en a pas fait un film à grand spectacle. Les combats dans la boue (parfois même à l'arme blanche car les Allemands étaient vraiment décidés à ne pas se laisser faire), c'est très peu photogénique.
Entretemps, le port d'Ostende est remis en état et permet l'apport de matériel près du front. Mais la capacité du port est juste sufisante pour apporter des vivres et du matériel au front tout proche.
Les bases allemandes tombent les unes après les autres, mais jamais sans de féroces combats: Breskens tombe aux mains des alliés, mais le port a fort souffert des bombardements et la ville est totalement rasée. Sluis est bombardée à tel point que toute la ville est en feu (mais aucun allemand n'a péri car ils étaient retranchés dans des bunkers en dehors de la ville). Le dernier port à tomber est Cadzand, mais sa libération est laborieuse. A ce momment, les allemands n'ont plus de port d'approvisionnement.
Ce n'est qu'au début de novembre que les dernières forces allemandes se sont rendues (près de Knokke). Pendant ce temps, la guerre continuait de l'autre coté de l'Escaut Occidental (Opération "Infatuate", la libération de Walcheren). Ce n'est que début décembre que l'accès au port d'Anvers sera totalement libre.
Musée “For Freedom” |
Publicités - Reklame