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La forteresse de Battice
La vie dans le fort
Fort de Battice
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La vie dans le fort comme militaire, c'était quoi?

De longs couloirs à 30 mètres sous le sol, aucune idée du jour ou de la nuit. En cas d'alerte, 750 militaires séjournaient ainsi sous le sol. En temps de paix, les militaires habitaient dans une caserne au niveau du sol.

La température est assez constante et est d'environ 10°, en hiver comme en été (avec en été en plus une très forte humidité qui ne disparait pas en hiver). Il a été prévu d'installer le chauffage central dans les bunkers, mais cela n'a pas pu être réalisé à temps.



Voici ce qui reste des douches (il y a des douches complètes à Eben Emael). Il y avait une salle des douches pour toute la caserne. Les officiers avaient deux douches dont on pouvait régler la température, pour les soldats l'eau était soit trop chaude, soit trop froide. L'eau pour les douches était chauffée par la chaleur des groupes électrogènes.

Tout était humide dans le fort: les vêtement qui n'arrivaient jamais à sécher, les essuies, les draps de lits mouillés par la transpiration.



Voici une découpe du toboggan, permettant d'aller rapidement de la caserne en temps de paix vers un étage intermédiaire (puis il y avait deux escaliers verticaux pour descendre au niveau des couloirs du fort). Le toboggan permettait de faire descendre deux soldats à la fois, mais le conduit n'était pas très large, un peu plus de 1 mètre pour deux personnes.

Le toboggan n'a jamais été utilisé en pratique car il avait un défaut de construction: les militaires qui descendaient à toute vitesse allaient se cogner contre le mur au bout du toboggan.



Tout comme à Eben Emael on craignait les attaques chimiques comme pendant la première guerre mondiale. Il y avait un couloir avec des filtres. L'air arrivait par un conduit en dessous et devait passer par les filtres. Le couloir des filtres était double, permettant l'échange des filtres d'un couloir pendant que l'autre couloir était en fonction. Un gros ventilateur pompait en permanence de l'air dans les couloirs. On entendait les ventilateurs dans tout le fort. Tout le fort était en légère surpression pour éviter la pénétration des gaz toxiques.



Que faisaient les soldats enfermés sous sol? A part entretenir le matériel, ils n'avaient pas grand chose à faire. Alors ils dessinaient dans le réfectoire. Popeye et Mickey Mouse étaient des figures connues en 1939, quand le fort a été utilisé pour la première fois.



La qualité des dessins n'arrive pas à la hauteur de ce que les allemands ont fait dans les bunkers du mur de l'Atlantique, mais il faut dire que les allemands ont eu plus de temps. A mon avis, le bon air marin a également joué.

Le fort a été construit à la fin des années 1930. Il était utilisable quand les allemands ont envahi la Belgique, mais des aménagements devaient encore être réalisés. Le fort faisait partie de la série de forts qui entrouraient la ville de Liège. On va voir sur la page des plans les différentes fortifications autour des grandes villes. Le fort était situé dans les hauteurs et avait une bonne vue sur la région.



Deux très beaux dessins à la gouache se trouvent dans un réfectoire. A cause de l'humidité constante, la gouache n'arriver pas à sécher.



Voici un dortoir pour les soldats. Les militaires étaient de quart pendant 12 heures et pouvaient dormir, manger et se laver les 12 heures suivantes.



Cela grouillait de monde, il y avait un va-et-vient constant. Les dortoirs donnaient sur un des tunnels. Si les soldats arrivaient à dormir, c'est parce qu'ils étaient totalement exténués.



Une vue sur les lavabos. L'état des lieux à l'époque était probablement un peu plus beau que maintenant, mais pas de beaucoup.

Remarquez les attaches au mur, qu'on trouve dans les couloirs et les salles. Elles devaient servir pour une conduite de chauffage central qui n'a pas pu être mise en service.



Les toilettes étaient à la françaises, on chiait accroupi. Mon dieu que cela devait puer dans les corridors sous terrains!



Notez que la vie des officiers n'était pas meilleure: ils avaient une chambre individuelle, mais c'était tout.

Contrairement au fort d'Eben Emael, la plupart des salles sont vides. Il n'est probablement pas possible de reconstituer la vie dans une des salles à cause de l'humidité très élevée qui ferait tout rouiller ou pourrir.



Voici la cuisine, les marmites ne sont pas d'époque et ne fonctionnent pas. Pas possible de commander un plat du jour pour après la visite.

La vie devait être très difficile dans le fort. On est automatiquement pris d'une sorte d'angoisse. Contrairement au fort d'Eben Emael où on rentre d'un coté et tout semble plat, ici on rentre et directement on est confronté à une volée d'escaliers qui nous mêne directement à -30 mètres sous le sol.



Il y a formation de stalagmites au sol et de stalagtites au plafond. A la vitesse où elles se forment, elles devraient se toucher dans moins de 100 ans.

Et même à 30 mètres sous le sol on n'était pas en sécurité: après sa capture le fort a été utilisé pour tester des obus, dont l'obus Röchling (qui sera décrit sur une autre page). Cet obus pouvait traverser plus de 30 mètres de terre et puis encore transpercer plusieurs mètres de béton armé. Il y a encore des traces de ces obus dans le fort. C'était des obus dont la charge explosive avait été remplacée par du sable: les obus étaient utilisés pour mesurer la pénétration, pas pour détruire le fort. Avec une charge explosive, ils auraint fait énormément de dégats dans les tunnels et les bunkers.



Ma visite a eu lieu fin novembre: il faisait froid et glauque, aussi bien à l'extérieur du fort que sous terre. La visite était moins agréable en comparaison de la visite d'Eben Emael. Les tunnels sont longs et il n'y a presque rien à voir. Beaucoup de salles ne sont pas accessibles, probablement parce qu'il n'y a plus rien dedans. Les rares salles accessibles sont vides et il est difficile de se rendre compte de la vie dans ces souterrains.



Ce n'est pas étonnant que les hommes enfermés dans ce fort aient envie de sortir. La seule alternative, c'est de se recréer une réalité factice. Mais sans le chant des oiseaux et sans le parfum des fleurs.

Et ont continue la visite avec les canons et les tourelles de tir. Il y aura également des photos de la partie extérieure des fortifications, des différents plans de la région et des bunkers, des groupes électrogènes et de la visite à proprement parler.

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