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HF6 Seraing
Lors de ma dernière visite en 2011, je disais que tout était calme sur le site de Seraing. Maintenant, on entend continuellement le bruit des scies à métaux, le bruit des marteaux piqueurs, les voitures qui entrent et qui sortent, et ceci même un samedi. Il faut dire que l'indien Mittal a d'autres manières que l'italien Duferco. Ici, tout doit aller vite. Tout abattre pardon, “déconstruire” pour rentabiliser le plus rapidement les terrains. Le haut fourneau HF6 qui était en parfait état de marche (selon les dépèches syndicales de l'époque) en 2011 sera abattu le 29 septembre 2016. Il y a des signes qui ne trompent pas: le gros tuyau qui va du geulard aux pots à poussières a été découpé, et tous les accessoires ont été démontés. Quand le haut fourneau des Forges de Clabecq a été abattu, j'en ai été malade. Il faut dire qu'à force de le visiter pour tout photographier, c'était un peu devenu "mon" haut fourneau, tout comme c'était celui des travailleurs de Clabecq. Ici, cela me touche aussi, mais ce n'est pas le même effet. Liège est une belle ville, mais la partie arrière du site, rue de la vieille espérance (quel nom de rue pour le quartier le plus délabré de Liège), c'est vraiment le quart-monde. Je me suis pratiquement fait agresser par une bande de gamins qui me demandaient des sous (ils devaient avoir entre deux et cinq ans). Pour tous vos problèmes de trésorerie, jeunes gens, veuillez prendre contact avec votre mandataire communal, c'est son métier. De plus, il gagne dix fois plus que moi.
Quand Victor Hugo a visité Seraing en 1842, il en est resté ébahi. Partout à flanc de colline des usines, des fourneaux, des gueules qui crachent des étincelles et de la poussière. Malheureusement ce sont toutes des usines installées entre deux quartiers d'habitations. Il y avait très peu de transports en communs à l'époque et il était interessant que les ouvriers habitaient près de l'usine. Tous les transports de marchandises se faisaient par la Meuse. Mais cette fragmentation de la production a fait que les usines n'ont jamais pu grandir. On a ainsi deux hauts fourneaux situés à quelques km l'un de l'autre, une cokerie un peu plus loin et une aciérie de l'autre coté de la ville. Un bout de minérai doit en faire des kilomètres avant de devenir tôle d'acier! Quand le haut fourneau a été mis à l'arrêt, les habitants étaient content d'avoir enfin le calme et de pouvoir respirer un air plus pur. Mais quand on marche dans le quartier, c'est vraiment la misère, et la poussière brune est toujours là. Dans un étalage de la rue Ferrer, on trouve des voitures Wartburg, toutes en provenance des pays de l'Est. Je ne pouvais pas terminer ma visite de Liège sans passer par le haut fourneau d'Ougrée, également à l'arrêt depuis de nombreuses années, mais il n'est (pas encore) question de démolition --- ou de “déconstruction” pour utiliser un terme plus existentialiste. Il y a encore parfois des trains qui passent par la voie de chemin de fer sur le site de Ougrée (c'est d'ailleurs par là qu'il est le plus facile d'entrer sur le site). Des wagons transportent des coils en provenance du laminage à chaud attendent sur le quai. En effet, la seule chose qui tourne encore, c'est la récupération. La ferraille est triée et le fer est fondu à nouveau dans une aciérie électrique. Il permet de faire des produits ronds (ronds à béton, rails), mais également des produits plats de qualité "intermédiaire" (pour faire des boites de conserve). L'acier de récupération est d'une qualité un peu moindre que l'acier fait à partir de nouvelle fonte (il contient trop d'impuretés). En 2012, j'avais signalé une péniche qui avait coulé dans la Meuse. Et bien, quatre ans plus tard, elle est toujours là. Cela indique bien le dépérissement de toute la régiun. Photos ci-dessous:
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