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Hauts fourneaux de Ougrée
Ougrée, du temps où le haut fourneau était en pleine production. Le minérai et les fondants calcaires (castine, qui vient du néerlandais kalksteen) sont apportés par péniches tandis que le coke arrive de la cokerie touute proche. Le minérai de fer sera aggloméré sur place, mais plus tard on utilisera également des pellets (petites boulettes poreuses très dures) apportés par péniche.
Les installations d'Ougrée (celles qui fonctionnaient encore lors de ma première visite) sont usées jusqu'à la corde: bon nombre de batiments ont des vitres brisées, les installations électriques sont disons... extrèmement vétustes: cables électriques usés (la gaine de protection est abimée), des arbustes qui poussent partout dans le périmètre de l'usine (on dirait Duisburg!). Le four date de 1962. Mais des péniches apportent les différentes matières premières et même de loin on entend le grondement rassurant des turbo-compresseurs (même le dimanche: pas question de mettre le four à l'arrêt pendant la messe dominicale). La ferméture d'Ougrée (HF B) ne m'a pas surpris. En effet, les installations sont totalement usées et l'entretien était limité au strict minimum. Le sieur Mittal, quand il a repris Arcelor, a toujours eu l'intention de fermer le HF B: il n'y a que les installations rentables qui l'interessent. La preuve: la cokerie fonctionne toujours! C'est un des effets néfastes de la globalisation. Même si le salaire des ouvriers est réduit au maximum, il y a des paramètres économiques qui font que Liège ne sera plus jamais rentable à l'échelon mondial. L'outil est trop usé, la position géographique au milieu du pays n'est plus interessante et les charges sociales sont fort lourdes (bien que Sidmar, qui paie les mêmes charges sociales ne soit pas (encore) menacé).
Avec la ferméture des hauts fourneaux à Liège, c'est le berceau de la sidérurgie qui est atteint: qui se rappelle Cockerill, qui a placé notre pays au rang des grandes puissances économiques (nous étions le second producteur d'acier au monde, après l'Angleterre). Mais tout ne va pas si mal à Liège: la cokerie fournit parait-il du coke aux fourneaux des environs: Bonjour, Votre site est très interessant mais il y a une petite erreur dans votre reportage sur les cokeries. La cokerie de Liège est toujours en fonctionnement. Elle fournit actuellement du coke pour les sites de Dunkerque, Gand et Brême mais plus principalement pour Dunkerque. L'approvisionnement vers ces sites est effectué soit par voie ferrée, soit par voie fluviale. Il y a 4 batteries K1/K2 (construction +ou- 1967) et CK2/CK3 (construction +ou- 1983). A l'annonce de la fermeture du chaud de Liège, seules les batteries K1/K2 étaient concernées par l'arrêt, maintenant reporté jusqu'à une date indéterminée.
Je suis repassé en juin 2012 à Ougrée. Le site est maintenant totalement à l'arrêt. L'éclairage fonctionne encore, les pompes situées près de la Meuse (Quai Mickiels) tournent toujours (je signale en passant que la porte des installations de pompage est grande ouverte et que le tableau électrique est ouvert, mettant à nu les cables et les fusibles). Une bande transporteuse tourne à vide... Les rails sont devenus brun, un signe qu'il n'y a plus aucun train qui passe. La gare de triage est totalement vide. Une voie de chemin de fer passe sous le haut fourneau pour récolter la fonte en fusion dans des torpilles. On dirait qu'ils l'ont fait express: pour illustrer un peu mieux le naufrage de la sidérurgie wallonne, on trouve une péniche au fond de la Meuse, tout juste au quai Mickiels, là où le minérai est apporté par péniche. Il n'y a aucune hâte à l'enlever, le quai n'est plus d'aucune utilité... On a simplement mis des bouées de signalisation. Et de l'autre coté de la Meuse, le stade du Standard. Ce n'est pas avec du foot qu'on relèvera la Wallonie. Une caractéristique de Liège, ce sont les nombreux tuyaux qui passent d'un site à l'autre. Une des conduites qui est encore en fonction passe au dessus de la Meuse et transporte le gaz de cokerie au laminage située de l'autre coté. Le gaz de cokerie sert de combustible à la place du gaz naturel (pour réchauffer les brames et les rendre malléables). Ces maisons appartiennent au site, elles sont vides, à part la permanence FGTB (les métallos) et CNE (les employés) située un peu plus loin. Des drapeaux rouge et noir flottent tristement. Décidément, le moral est à zéro. Le minérai de fer est apporté par péniche. Les dernières livraisons étaient de minérai prétraité, permettant un fonctionnement optimal du HF. Le minérai est broyé, mélangé à des fondants, humidifié, pressé sous formes de boulettes et puis cuit (pelletisation). Ces boulettes sont très solides et ne s'effrittent pas sous la pression quand elles sont introduites dans le four. Le fondant sert à absorber les impuretées du métal et forme un laitier qui surnage sur la fonte. Quand je visite un site industriel, je reste souvent toute la journée et je visite les environs. La polyclinique située tout près est fermée. De nombreuses maisons sont en vente, mais par contre certaines entreprises tournent normalement, en particulier Agriphar. Un ouvrier sort du site du HF B à vélo: c'est la seule activité notable sur toute l'usine “qui appartient maintenant aux travailleurs !”. On remarque le délabrement du site quand on regarde les panneaux de sécurité. Les règles d'Or de la ??curité: les connaissez-vous par cœur et les ?ppliquez-vous avec rigueur? Des batiments imposants avec vue imprenable sur le canal (probablement les anciens bureaux) sont à l'abandon. Il s'agit de batiments du style “Golden Sixties”. Eh oui, une époque bien révolue...
Quai Mickiels: à gauche les silos et une construction vraiment très délabrée. C'est ici qu'arrivent les canalisations d'eau et de gaz pour l'usine. Quelques photos de Serain et Ougrée de septembre 2016 (prises juste avant la démolition du haut fourneau de Seraing). |
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