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Marcinelle
Carsid Charleroi
La fin
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Faut-il sauver le HF4 de Charleroi?

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Ce qui reste du haut fourneau fin octobre 2020, coincé entre le batiment où se faisait la métallurgie en poche et le batiment d'épuration des gaz. La métallurgie en poche permet d'adapter la qualité de l'acier en fusion aux demandes du client (mise à nuance). Cette phase est effectuée après le convertisseur OBM (Oxygen Bottom Maxhutte) et avant la coulée continue.

Fin 2020, entre deux confinements une promenade autour de la sidérurgie de Charleroi. On part de Dampremy (terril des Piges), on passe devant le terril de la blanchisserie et on se retrouve à la liaison entre le canal de Bruxelles à Charleroi et la Sambre. La région avait tout pour plaire aux industriels: du charbon et du minérai dans le sol, des voies navigeables (auquel s'est ajouté le canal de Bruxelles vers Charleroi). Plus tard on a également importé du minérai du Luxembourg, la minette lorraine.


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Le haut fourneau 4 vu de Dampreny.
Il y avait beaucoup d'ouvriers qui travaillaient dans les mines de la région. Ils ont ensuite été travailler dans la sidérurgie. Contrairement à d'autres endroits, il n'y a pas vraiment de «cité» qui a été construite pour les ouvriers. On voit bien en jaune la ligne de métro qui passe au dessus de la Sambre.

John Cockerill s'installe à Seraing tandis que Thomas Bonehill s'implante à Marchienne-au-Pont (c'était dien avant la fusion des communes). Tous deux apportent un procédé nouveau: l'utilisation du coke dans les hauts fourneaux. Le coke a perdu la plus grande partie des résidus, goudron et ammoniaque (qui se retrouveront dans le sol de la cokerie et dans les poumons des habitants de la région), c'est un combustible idéal dans les fourneaux. L'utilisation des cowpers est généralisé, ils permettent d'augmenter le rendement des fournaux.


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La passerelle qu'empruntaient les ouvriers de Damprény pour aller sur le site (haut fourneau, aciérie ou laminage). On tente également de la garder, mais je ne crois pas que cela va réussir. On a déjà éliminé beaucoup de chaque coté de la Sambre et ce qui reste a plutot une valeur anecdotique pour les ouvriers de Dampremy.

Mais après les trentes glorieuses, cela ne va plus très bien à Charleroi, à Liège ou aux Forges de Clabecq. Il n'y a plus de charbon dans le sol et il faut faire venir le minérai de l'étranger. Les fourneaux de Wallonie n'ont plus aucun avantage comparé aux fourneaux situés en bord de mer. De plus qu'il faut régulièrement les entretenir, et ce n'est vraiment pas bon marché. On met régulièrement un fourneau à l'arrêt et on continue avec ce qui reste. Finalement il ne reste plus rien.


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Ce qui reste du haut fourneau fin octobre 2020. Si on enlève encore plus, il ne restera plus rien. C'est exactement comment s'est produite la ferméture de Carsid: mine de rien on ferme un petit truc à gauche, et puis un petit truc à droite et finalement il ne reste plus rien.

La promenade continue, on passe via la Sambre près de Thy-Marcinelle (qui fait partie du groupe Riva). Le site dispose d'une aciérie électrique, d'une coulée continue et d'un laminage. Ils produisent des produits longs, principalement des ronds à béton, du fil machine et des treillis. Ce sont des produits de peu de valeur ajoutée, mais la production est optimalisée et peut fournir très rapidement des produits sur mesure. C'est l'avenir: on a suffisamment de ferrailes pour alimenter l'aciérie électrique. Quand la demande est faible, on limite la production à certains jours de la semaine et le week end, quand l'électricité est moins chère. Un haut fourneau doit par contre travailler en continu.


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Le passé et l'avenir sur une photo: le haut fourneau et la récupération de ferrailles.

Sur le terrain de Thy-Marcinelle, on voit de grandes quantités de bobines de fil machine. Le fil machine est un produit semi-fini qui sera transformé en produits utilisés dans la construction. Les ronds à béton ont des nervures pour favoriser l'adhérence du béton. Le site fabrique également des trellis soudés utilisés dans la construction (armatures de béton armé).


Les bobines de fil machine sont les petits retangles bleus. Par contre on laisse rouiller les ronds à béton (ce sont les rectangles couleur rouille en haut de l'image): une légère couche de rouille améliore l'adhérence du béton.


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La ferraile est extraite de la péniche avec un gros électro-aimant. A l'arrière plan vers la droite la station d'épuration des gaz, construite à grands frais, mais qui n'a jamais été utilisée.

On passe l'écluse et on se retrouve de l'autre coté de la Sambre. On passe devant ce qui reste du haut founeau 4. Beaucoup de batiments ont été rasés.

Ce qui n'est pas rasé, c'est la cokerie. Le sol doit être assaini sur plus d'1.50m de profondeur alors que le budget avait été prévu pour 1.50m.


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Sous les pavés, la plage, sous les gravats, la torpille.
Les torpilles étaient utilisées pour transporter la fonte en fusion du haut fourneau vers l'aciérie. Il parait qu'un ouvrier est tombé dans la fonte en fusion.

A Liège, les torpilles avec la fonte en fusion devaient aller d'un coté à l'autre de la ville, de Seraing à Chertal via une voie de chemin de fer privée. Contrairement à Charleroi, Liège a commencé son industrialisation très tôt, avec de très nombreux petits producteurs éparpillés dans la ville, ce qui a rendu la réalisation d'un grand groupe industriel très complexe. Ici la cokerie, là le haut fourneau, encore un peu plus loin l'aciérie...


La promenade continue via la Sambre jusqu'à la station de métro de Marchienne au Pont pour rentrer à Dampremy. L'avantage du métro, c'est qu'il circule en site propre. Il passe sous la ville, il est en surface à la Providence et fait voir du pays.

Faut-il sauver le haut fourneau 4?

That is the question.
Et il faut oser la poser.

La promenade était organisée par Luigi Spagnuolo qui tente d'organiser le sauvetage du haut fourneaux 4. Mais faut-il vraiment sauver ce haut fourneau? Quand on passe près du site (ou qu'on regarde les photos de google earth), on voit qu'il ne reste plus grand chose de ce qui était Carsid/La Providence. On voit très bien les groupes qui continuent à produire (Industeel du groupe Arcelor/Mittal et Thy-Marcinelle du groupe Riva).


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Les bunkers à minérai, avec leur couleur ocre typique, couleur du minérai de charbon oxidé. A partir de la moitié du XX° siècle, on est passé au minérai importé d'Outre Mer, qui avait une plus grande pureté. Une telle pureté était nécessaire pour produire des aciers de meilleure qualité et également pour augmenter le rendement des fourneaux. Le minérai était apporté par péniches du port d'Anvers via le canal Anvers à Charleroi. Un apport se faisait également via le chemin de fer.

Est ce que cela vaut la peine de garder un haut fourneau, si on va le dégrossir comme le fourneau des Forges de Clabecq où on a éliminé tous les tuyaux, tous les escaliers, tous les filtres à poussières? Il ne reste plus que le cylindre du fourneau et tout ce qui dépasse a été coupé. Cela ne s'annonce pas bien, car c'est Duferco qui est le propriétaire des deux terrains et Duferco tente au maximum de rentabiliser les travaux de démolition en vendant l'acier, le fer et le cuivre. Duferco a même tenté de vendre les boites de refroidissement en cuivre du four, mais celui-ci ne résisterait pas sans ces boites qui font partie de la structure même du four. Allez voir la différence à Duisburg, où on a gardé toutes les installations: tout le site est devenu un gigantesque parc naturel qui attire chaque année des milliers de visiteurs.

Le haut fourneau, c'est la tour Eiffel de Charleroi. Quand on a abattu le HF6 des Forges de Clabecq, cela a rendu en une fois le site insignifiant. Ce n'est pas avec les petits trucs qui restent qu'on peut montrer la grandeur des Forges, où il y avait plus de 6000 personnes qui travaillaient. C'est pour cela qu'il faut (entre autre) sauver le HF4.


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Une tour de refroidissement, qui annonce la présence d'une centrale électrique. La sidérurgie a besoin de beaucoup d'électricité pour entrainer les pompes à eau pour fefroidir les machines, les soufflantes pour injecter de l'air dans les hauts fourneaux, pour faire fonctionner les laminoirs et pour préparer le café du patron. Mais la sidérurgie produit également beaucoup de gaz combustible. Une partie est utilisée sur place, mais le restant est envoyé à une centrale électrique.

Il y a également une seconde centrale électrique qui était plus moderne, située sur la Sambre entre Marchienne au Pont et Monceau sur Sambre. Sur Google maps on voit encore la canalisation qui apportait le gaz de haut fourneau à la centrale. Quand la ligne à chaud de Carsid a été fermée, la centrale n'était plus rentable. Même moderne, la centrale était déjà trop vétuste pour utiliser le gaz naturel de façon économique.


Par contre, il y a toujours la centrale électrique. Il y a même plusieurs batiments où se trouvent des machines très interessantes pour situer le développement économique de la région. L'industrialisation n'aurait pas été possible sans l'électricité. Et l'électricité, ce n'est pas seulement la machine de Gramme. Dans la centrale, on voit l'évolution de la technologie, il y a par exemple deux commutatrices qui étaient utilisées pour transformer le courant continu en alternatif et inversément.

Les batiments de la centrale électrique sont imposants et pourraient être transformés en musée, un peu comme le musée de la métallurgie et de l'industrie de Liège. C'est l'endroit idéal pour des expositions sur la sidérurgie, il est possible de faire défiler des films sur la production de la région (et également sur les charbonnages qui étaient très nombreux dans le Borinage).


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La gare de Marchienne au Pont.
La ville de Charleroi investit dans beaucoup de domaines, mais n'arrive toujours pas à faire redémarrer totalement la machine économique. Cockerill vivait à Liège, mais Mittal habite en Chine. Il faut se rendre à l'évidence que les grands sites industriels, c'est de l'histoire passée. Ce qui fonctionne maintenant, ce sont les petits jobs genre Deliveroo où il n'y a aucune protection sociale.

Les deux photos suivantes ne sont pas de moi. "2 commutatrices ordinaires avec moteur de lancement 2000kW, 250V, 8000A courant continu, 300 tours minutes installées aux usines de Thy-le-Chateau et Marcinelle, à Marcinelle."



Les commutatrices sont des machines qui étaient très importantes au début de l'industrialisation, quand il n'y avait pas encore de redresseurs et d'onduleurs. La distribution de l'électricité se faisait déjà avec de l'alternatif, mais pour faire tourner des moteurs on utilisait de préférence du continu, qui permettait un meilleur controle du couple et de la vitesse du moteur. La commutatrice se rapproche ainsi fort du groupe Ward Léonard, mais tandis que le groupe Ward Leonard commandait un gros moteur (par exemple un moteur d'ascenseur de mine), la commutatrice fournissait du continu à tout un réseau local.

Les deux commutatrices se trouvent toujours à la centrale électrique. Ce sont actuellement des machines pratiquement uniques au monde. Elles proviennent d'un temps lointain et révolu où les ACEC signifiaient encore quelque chose. Ce sont des appareils moins visibles qu'un haut fourneau, mais qui historiquement ont plus de valeur qu'un haut fourneau, surtout qu'elles se trouvent encore à leur emplacement d'origine.

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