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Carsid Charleroi
Petit apperçu historiqueAu début de l'industrialisation, cette situation géographique était parfaite: beaucoup de charbon dans la région (le borinage), des mines de minérai de fer un peu plus loin. Il est donc tout à fait normal que la révolution industrielle ait commencé dans le sillon de la Sambre et de la Meuse. Mais voilà, les mines de charbon s'épuisent. On est passé pendant quelques années au charbon campinois, mais ici aussi il est arrivé un moment qu'il n'y avait plus assez de charbon pour continuer l'exploitation. De plus, le minérai local était d'assez mauvaise qualité, rendant l'affinage trop cher par rapport à la concurrence. Il faut faire venir aussi bien le charbon que le minérai de fer de l'étranger, et ici les installations maritimes ont l'avantage. Ici comme à Liège, le haut fourneau s'est éteint pour ne plus jamais se réveiller. Qu'est ce qui a changé photographiquement? Alors que lors de l'arrêt de la production, il était possible d'entrer sur le site du haut fourneau via la grande porte, maintenant l'entrée est totalement grillagée. Le site est isolé du monde. Contrairement aux Forges de Clabecq, ici on voudrait garder les installations, ou du moins une partie. La réindustrialisation des berges de la Sambre n'est pas à l'ordre du jour. Par contre, on ne sait pas encore très bien ce qu'on va garder: de ce fait, on ne fait rien du tout.
La cokerieLa cokerie (située de l'autre coté de la Sambre) permet d'affiner le charbon en éliminant de nombreux composants: les gaz combustibles, l'ammoniac et le goudron qui sont récupérés. Le site est noir à cause du goudron et des poussières de charbon, mais la nature est en train de reprendre le dessus. La cokerie est en voie de démolition, mais ce n'est pas du travail bien organisé. Il y a des pans de batiments détruits et des parties qui restent. C'est normal pour la cokerie même: le batiment résiste très mal à la forte charge thermique et devient instable une fois que le four est mis à l'arrêt. Or ici, il y a près de 10 ans que la cokerie est à l'arrêt. Evidemment tout le cuivre a été enlevé, mais les gens ne sont pas aussi pressés pour le reste. Les tuyaux qui passent à l'air libre ont été découpés et récupérés, mais ce n'est pas le cas pour les tuyaux de plus petit calibre. Les réservoirs et les décanteurs n'ont pas été découpés. Les voies de chemin de fer ont par contre toutes été démantelées. Sur les berges de la Sambre, c'est surtout la récupération et le triage de vieux métaux qui subsiste. Une aciérie électrique permet d'en faire à nouveau de l'acier, mais à cause des contaminations, la qualité est un peu moindre qu'avec de l'acier produit à partir de la filière classique. Il y a beaucoup d'activité en ce samedi de septembre ensolleillé. C'est parce que le prix de l'électricité est moindre le week end qu'on fait travailler l'usine la nuit et le week end. Ce n'est plus un impératif technique (un haut fourneau ou une cokerie ne peuvent pas être mis à l'arrêt), c'est simplement la logique économique. Ce sont surtout les aciéries électriques qui consomment beaucoup d'électricité. Les ouvriers ne s'en plaignent pas, il y a moins de circulation le week end. Il y a diverses industries spécialisées dans la récupération de vieux métaux dans le quartier. Elles sont situées à coté d'usines desafectées et de terrains en friche. Il y a même un label de disques dans un hangar (Rockerill). Ce n'est pas avec ce genre d'entreprises qu'on redonnera un nouveau souffle à la région, Cockerill se retournerait dans sa tombe. La ligne de tram (une sorte de métro aérien) avec arrêt La Providence (tout près de la cokerie) n'est plus en activité. Pourtant c'est une ligne bien réalisée, avec des voies séparées de la circulation routière. Mais évidemment, s'il n'y a plus de travailleurs qui vont à Carsid ou à la cokerie, cela ne sert à rien de faire circuler le métro. Toutes les routes de la région sont vraiment en mauvais état. C'est ici qu'il y a le plus de nids de poule au mètre carré. Les travaux du ring de Charleroi n'en finissent pas (google maps montre que les travaux durent déjà plusieurs années...). C'est surprenant que c'est dans les villes socialistes que le mobilier urbain est le plus dégradé. Les socialistes parlent toujours de ralance économique, d'investissements publics, mais ce sont eux qui font le moins. Où est passé l'argent des contribuables? Puis vers la fin de ma visite, je tombe sur un groupe de touristes qui font la visite "Charleroi Adventure". Ce sont tous des gens de Flandre qui veulent se donner des frissons à bon marché (25€) et veulent visiter les quartiers mal famés de la ville. Une visite de la ville qui passe par les berges de la Sambre.
Update 2017On apprend que Duferco, propriétaire des terrains et de tout ce qui s'y trouve a introduit un permis de démolir. Duferco voudrait récupérer le cuivre des boites de refroidissement (qui pourrait raporter plusieurs millions d'euro), ainsi que d'autres parties métalliques mais laisser le reste du site à l'abandon (et surtout les cowpers dont la démolition est particulièrement couteuse à cause de l'amiante présente)."S'il s'agit de revendre certains éléments, autant tout raser" disent les défenseurs du haut fourneau. En effet les trous dans la structure du haut fourneau causé par l'enlèvement des boites de refroidissement) rendent celui-ci instable et impossible à maintenir en état. Le capitalisme dans toute son horreur: le cuivre pour moi et les frais pour la communauté. On voterait pour moins PTB. Le samedi 18 novembre 2017 il y a eu une marche aux flambeaux pour la sauvegarde du HF4 car le dossier est à nouveau au point mort. Mais d'un autre coté, on ne peut pas en vouloir à Duferco, propriétaire du terrain et des installations: chaque année ils doivent payer des taxes (précompte immobilier) sur des installations qui ne rapportent plus rien depuis plus de 10 ans. On comprend que Duferco en ait marre de payer et de ne rien recevoir en retour. Avec le prix des taxes récoltées sur 10 ans, on aurait pu assainir le terrain. |
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