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Photo 3: Ce qui reste de la chambre des compresseurs du blockhaus d'Eperlecques. On produisait ici l'oxygène liquide qui servait de comburant dans les V2. Après les bombardements, les allemands ont décidé d'utiliser des plateformes de lancement mobiles et de réduire la fonction du bunker d'Eperlecques à la seule production d'oxygène liquide. Le bunker ne sera plus utilisé du tout après un second bombardement avec une bombe Tallboy permettant de percer la dalle de toit de 5m d'épaisseur. Les travaux se déplacèrent vers “La Coupole” près de Saint-Omer.
V1Le V1 est un avion à réaction sans pilote. L'avion gardait le cap initial donné par la rampe de lancement grâce à un gyroscope. Un compteur comptait la distance parcourue et coupait le moteur dès que la cible était atteinte. L'avion était équipé d'un réacteur très simple, un pulso-réacteur. La poussée était relativement faible et l'avion devait être catapulté sur une rampe inclinée (ici aussi par une réaction chimique du péroxyde et du permanganate). Le moteur utilisait du kérosène normal. On allumait le moteur et puis on activait la réaction chimique dans la catapulte. La précision n'était pas fameuse et la bombe volante ne pouvait être utilisée que pour atteindre des grandes villes (comme Londres et puis Anvers, quand Londres était hors de portie à cause du repli de l'armée allemande). Ces bombes volantes n'avaient que peu d'influence sur le déroulement des opérations militaires: c'étaient des civils qui étaient visés.
V2Contrairement au V1 qui était un avion (à réaction, mais un avion tout de même), le V2 était une fusée. Il y avait à bord aussi bien du carburant (du méthanol) que du comburant (de l'oxygène liquide). Contrairement au V1 qui ne vole qu'à du 650km/h et qui peut être abattu par la défense alliée, le V2 atteint des vitesses supersoniques et était hors d'atteinte des armes de l'époque. A la fin de la guerre, environ 75% des V1 dirigés vers Londres étaient abattus en vol. La propulsion du V2 ne dure que 65 secondes, et puis la fusée retombe selon une trajectoire ballistique. La précision du bombardement est encore moindre que celle du V1. Les 4 dernières photos à droite:
Les allemands avaient l'intention de préparer les fusées dans d'énormes bunkers, puis de les tirer vers l'extérieur et les lancer. Les sites de Helfaut-Wizernes (La Coupole) et Eperlecques ont été concus spécifiquement pour le lancement des V2. Les bombardements alliés ont rendu cette façon de faire impossible: les routes et les chemins de fer menant aux sites étaient constamment bombardés, créant une pénurie de matériel de construction. Le lancement s'est alors fait à partir de plateformes mobiles, très difficiles à localiser et à détruire. Les V1 et V2 n'ont pas joué de role militaire dans la guerre: ils étaient dirigés vers la population civile de Londres. Les armes n'ont été opérationelles qu'apès le débarquement allié, et à ce momment, la guerre était jouée. Les allemands auraient mieux fait de bombarder les ports utilisés par les alliés pour acheminer tout le matériel nécessaire. En effet, l'Allemagne avait encore de nombreuses usines de production, mais les alliés devaient tout apporter par bateau. Les V1 et V2 sont devenus plus effectifs quand les allemands ont du battre en retraite et qu'ils ont du bombarder le port d'Anvers (en effet la portée des fusées était limitée à environ 250km). La construction d'une fusée V2 était très complexe et a épuisé les dernières ressources du pays. Le kérosène du V1 pouvait être fabriqué selon le procédé Fischer-Tropsch à partir de la houille (disponible en grandes quantités en Allemagne), mais ll fallait 10 tonnes de pommes de terre pour fabriquer le carburant d'une seule fusée V2 (du méthanol pur à 75%). Le coût de fabrication d'un V2 était plus important que celui d'un bombardier (qui peut transporter une charge deux fois plus élevée et peut être utilisé plusieurs fois si on a de la chance). En plus des armes V1 et V2, les allemands ont également développé le “canon de Londres” ou V3, un canon fixe sous-terrain situé à Mimoyecques et une fusée multi-étages à carburant solide qui n'a pas dépassé le stade du prototype. |