Mimoyècques
Base de lancement des V3
“Le canon de Londres”
Après le bombardement de Berlin le 25 août 1940, Hitler s'est décidé à attaquer Londres en priorité, délaissant les objectifs militaires (bataille de Londres au début de la guerre). C'est un tournant de la guerre, car la ville n'avait aucune importance militaire et stratégique. Pendant que Hitler s'en prenait à Londres, les forces alliées ont eu le temps de se resaissir.
Les V1 et V2 (Vergeltungswaffe) lancés à la fin de la guerre n'avaient pour but que d'atteindre Londres et n'avaient aucune fonction militaire. Ces avions sans pilote (V1) et fusées (V2) avaient trop peu d'explosifs pour être effectifs. Il y a eu de nombreux morts, mais un seul bombardier transporte de nombreuses bombes qui ont dix fois plus d'explosifs qu'une seule fusée.
En plus des V1 et V2, signalons l'existence d'un V3 qui n'a jamais fonctionné. Il s'agit d'un canon géant construit pour atteindre Londres. Il devait donc avoir une portée de 160km. La côte anglaise pouvait être atteinte avec des canons ordinaires, mais pour atteindre Londres, il fallait un super-canon.
En plus de la charge principale, le canon disposait de charges latérales mises à feu lors du passage du projectile et destinées à compenser la perte de pression. Le projectile était équipé d'un obturateur empèchant les gaz en combustion d'atteindre les charges latérales avant le passage du projectile.
Le site du V3 se composait d'une série de canons fixes, totalement sous-terrain et dirigés vers Londres. L'étage inférieur était situé à -100m et le couloir reliant les différents canons faisait 600m de long. Les canons étaient protégés par une dalle de béton de 6m d'épaisseur.
L'obus avait une charge explosive très limitée et ne pouvait pas faire de gros dégats. Mais les alliés n'avaient aucune information sur ce qui se passait dans le sous-sol et ont préféré bombarder tout le site avant qu'il ne soit opérationnel. Le site ressemblait à un paysage lunaire après le passage des bombardiers.
Une version plus courte du canon a été utilisée par après sur le champ de bataille (12 chambres additionnelles au lieu de 32). Le canon d'une longueur de 50m ne pouvait pas être déplacé et tirait donc sur une seule cible.
En tenant compte de la collusion de la France "libre" du régime de Vichy avec l’occupant allemand et du nombre important de collaborateurs, les anglais n’ont pas hésité à dynamiter les installations de Mimoyecques dès qu’ils en ont eu l’occasion (et ceci sans avertir les français) pour prévenir toute tentative d'utilisation future du canon. Incident diplomatique majeur, mais les anglais n’en ont eu cure. Déjà qu’ils n’avaient que peu de considération pour De Gaulle, préférant nouer des contacts avec Henri Giraud pendant la guerre.
Le site héberge actuellement un musée situé au niveau -30m. Il s'agit d'une collaboration avec “La Coupole”. Toute l'attention va à La Coupole (avec tellement d'informations qu'il n'est pas possible de tout voir en une seule visite), tandis que Mimoyècques est pratiquement vide.
En plus du V3 (qui n'a jamais fonctionné), les allemands ont aussi développé le V4 au nom de code Rheinbote, une fusée multi-étage à carburant solide. Ces fusées n'avait aucun système de correction de la trajectoire et étaient encore moins précises que les V1 et V2 qui avaient un système de correction à bord. Les allemands ont lancés quelques fusées V4, dont une sur Anvers en janvier 1945, mais la guerre était pratiquement terminée.
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