La qualité n'a pas suffi...
Photo prise juste après la faillite en 2006
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C'était l'époque où le voyage était aussi important que la destination. Les gens prenaient des trains de grand luxe et allaient en Russie ou dans le sud de la France (évidemment, les Etats Unis, c'st assez difficile à partir de la Belgique). La Compagnie des Wagons-Lits mise sur pieds par le petit belge Georges Nagelmackers va révolutionner le monde des déplacements et des loisirs. Il ne s'agit pas encore des vacances pour tous (bien trop chères, et d'ailleurs c'est avant les congés payés apparus pour la première fois en 1936).
Nous avions l'Orient Express bien sûr, mais d'autres trains viendront s'y ajouter, comme par exemple le Train Bleu. Après la seconde guerre mondiale, nous avons eu le TEE (Trans Europ Express, l'ancètre du TGV) et Trans Euro Nuit (les voitures-couchettes qui ont eu un franc succès).
En 1971, la Compagnie vend so matériel roulant et se consacre principalement à la restauration à bord des voitures. Seul resteront des voitures historiques, qui seront restaurées dans les ateliers de la Compagnie des Wagons-Lits à Ostende.
Et c'est là que j'entre en jeu. Ces voitures historiques sont restaurées avec tout le confort moderne, dont une installation sonore avec radio et lecteurs de CD. Seul les autoradios haut de gamme (je travaillais principalement avec Sony) sont en mesure d'éliminer les parasites des caténaires et de toutes les installations électriques à bord des véhicules. Et comme lecteur de CD, il faut absolument un lecteur pour voiture, le seul type de lecteur qui absorbe les chocs. On installe également une sonorisation de plusieurs centaines de watt dans chaque voiture. Il y a souvent un orchestre embarqué, et les autres voitures doivent pouvoir diffuser la musique. Le système travaille sous 24V, la tension standardisée dans ces voitures.
L'installation doit pouvoir communiquer avec les autres voitures (la Compagnie des Wagon Lits ne fabriquait alors plus de voitures) selon le protocole en vigueur. Il faut pouvoir envoyer et recevoir de la musique vers les autres wagons et recevoir et envoyer des messages prioritaires. Les voitures "normales" doivent aussi pouvoir recevoir de la musique et les communications du chef de train aux voyageurs doit être transmis à tout le train. C'est un travail que j'ai souvent effectué dans les années 1980. Il arrivait que je devais aller à Boulogne-sur-Mer pour réparer la sonorisation d'un wagon. Boulogne-sur-Mer était le terminus des trains en destination de la Grande-Bretagne, et il fallait faire les réparations entre deux navettes. Il ne reste plus rien de la gare à Boulogne-sur-Mer, encore un effet négatif du tunnel sous la Manche. L'ancienne gare tombe en ruine, et la nouvelle gare n'est plus utilisée non plus.
Aux ateliers de Wagon Lits à Ostende, on faisait toute la restauration et l'entretien de ces voitures historiques (Venice Simplon Orient Express et d'autres). Si nécessaire on ajoutait un groupe électrogène et la climatisation. Puis la restauration des voitures est passée à une autre compagnie du groupe, RSI (Rail Services International). Les dernières voitures qui étaient prêtes à être restaurées étaient des voitures “Grand Confort” (les connaisseurs apprécieront).
En 2006, RSI Ostende demande la faillite. Comme entreprise privée elle ne pouvait plus faire la concurrence aux ateliers du groupe SNCB (situé tout juste de l'autre coté de la route). Les autres ateliers du groupe sont également dans la tourmente économique.
Quand je suis passé en juin 2009, il restait de mombreuses voitures Grand Confort démembrées. Les batiments eux étaient inaccessibles. L'essieu symbole des ateliers était encore en place.
En mars 2013, il ne reste plus que les batiments (totalement vidés). Les dernières voitures (ou ce qu'il en restait) ont été enlevée et la démolition est prévue pour cette année. En effet, les démolisseurs sont juste à coté (dès qu'ils ont fini chez Belliard...).
Situé 100m. plus loin, nous avons en effet les ateliers de constructions navales de Mercantile Beliard (mieux connu à Ostende sous le nom de Polyship). Cette entreprise aussi a fait faillite et les batiments sont restés longtemps inutilisés. Que reste-t-il de l'industrie à Ostende? Plus grand-chose, hélâs!
Ce qui reste des chantiers navals de Mercantile Beliard.
Le site sera prochainement reconverti (2021) et une usine de drones y sera installé.
Les drones militaires seront utilisés par la marine belge et néerlandaise.
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