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L'eau provient des Hautes Fagnes, la tourbe rend l'eau acide, ce qui est idéal pour le traitement de la laine qui se faisait à Verviers et à Eupen (à cette époque Eupen faisait partie de la Prusse). Le barrage de la Gileppe a été construit en 1870 pour assurer l'approvisionnement en eau de la ville de Verviers. La rivière principale de la région est la Vesdre, mais l'eau était fortement contaminée par son passage par Eupen, autre centre de traitement de la laine. Le barrage de la Vesdre est plus récent: se construction a commencé avant la seconde guerre mondiale et a été terminé fin des années 40. Le but ici était d'alimenter en eau une partie de la région de Liège et de ses environs, une région dont la population était croissante. C'est un barrage moins nationaliste que le barrage de la Gileppe: pas de lions qui font fièrement face aux allemands. A l'époque de la construction du barrage de la Gileppe, le but n'était pas de traiter l'eau pour la rendre potable, mais de fournir de l'eau directement à l'industrie. L'eau non traitée attaquait les canalisations (en plomb) conduisant au saturnisme des enfants de la région. Finalement deux réseaux ont été établis: un réseau d'eau naturelle pour l'industrie de la laine et un réseau d'eau potable pour les ménages. Pour le barrage de la Vesdre, on a directement construit une station d'épuration de l'eau au pied du barrage, le but n'étant pas de fournir de l'eau non traitée (en fait on dit station de potabilisation, la station d'épuration, c'est pour traiter les eaux d'égout). C'est une des stations les plus modernes de Belgique. Il y a une petite centrale électrique au pied du barrage. L'eau récoltée passe par divers systèmes de filtrage et ensuite sur un lit de calcaire pour réduire son acidité. Une eau trop peu chargée en calcaire (donc acide) n'est pas bonne pour les canalisations. Ma visite s'est déroulée une semaine après les inondations dans la région de Verviers. On remarque encore très bien les dégats des eaux: quand on marche sur les sentiers près du cours d'eau, on voit les herbes pliées par le courant d'eau, les arbustes déracinés,... Le niveau de l'eau a monté de 3 metres, alors que la profondeur de la rivière fait normalement 50cm. A certains endroits, la Vesdre était devenue aussi large que l'Escaut à Anvers. Mais plus que le niveau de l'eau, c'st la vigueur du courant qui a causé des dégats, transformant les routes en coulées de boue, détruisant les murs des maisons sous la pression de l'eau, déversant des tonnes de débris dans les tunnels,... Partout il y a des groupes électrogènes qui tournent. L'électricité n'est pas encore rétablie car tout le réseau de distribution est détruit. Une cabine de transformation a tout simplement disparu, et avec elle son transformateur qui pesait une centaine de tonnes. L'eau des rivières qui est normalement potable a une couleur brune et charrie toute sortes de débris. Il y a des branchages et des meubles détruits le long des routes. L'eau de la Vesdre a une teinte brune et charrie toute sortes de déchets, voir photo en bas de page. Les deux barrages n'auraient ils pas pu réduire la catastrophe? Des voix s'élèvent pour dire qu'on aurait dû vider les barrages quelques jours avant les inondations, ils auraient ainsi pu récolter l'eau de pluie. Mais ces barrages ne récoltent l'eau que d'une très petite partie du bassin hydrologique de la Vesdre: ils n'auraient pas pu empècher les inondations car les pluies étaient beaucoup trop violentes. Ces barrages n'ont pas été conçus pour stabiliser le débit de la Vesdre, mais pour stocker l'eau pour alimenter les communes en été quand il y a moins de pluie. Le but des gestionnaires est de garder le plus d'eau possible dans les barrages. A Eupen, c'est non seulement la Vesdre qui alimente la ville, mais également la Helle. Vider préventivement le barrage de la Vesdre n'aurait pas pu empècher les dégats causés par la Helle, de même que le barrage de la Gileppe ne pouvait pas protéger Verviers et Pepinster. De plus, avant les inondations la météo parlait certes d'averses violentes, mais pas exceptionelles: il n'y avait donc aucune raison de libérer la réserve d'eau. Les averses ont été exceptionellement violentes: de gros pavés se sont retrouvés des dixaines de mètres plus loin, entrainés par le courant d'eau. Pratiquement toutes les rues ont été transformées en cours d'eau en quelques minutes et il s'agit de rues situées en hauteur.
Il en va tout autrement des barrages de Robertville et Bütgenbach qui eux sont conçus pour stabiliser le débit de la rivière. Ils ont été préventivement vidés de leur eau et ont pu faire office de tampon. Le gestionnaire est ici Engie, qui utilise les bassins de retenue pour alimenter ses centrales hydro-électriques. La tour qui permet de voir toute la région n'est plus accessible depuis un certain temps. Il y a un mur d'escalade sur un des pans de la tour, mais je ne crois pas qu'il est encore utilisé. |
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