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Le plan incliné de Ronquières a été réalisé dans les années 1960. Le style architectural des batiments de l'époque (qui était moderniste en ce temps) fait actuellement très daté. C'est le même style que les constructions en Allemagne de l'Est. Le portique avec la commande des portes ressemble à un mirador du mur de Berlin. Ne fut ce que pour cette raison, il faudrait préserver ces batiments si un jour le plan incliné n'est plus utilisé (puisque le mur de Berlin n'existe plus et que tous les miradors ont été détruits). Les escaliers sont également très typique de cette époque, les Golden Sixties où tout était possible.
Quand on a décidé de réaliser le plan incliné, c'était pour promouvoir le transport par voie navigable. Le gabarit de 300 tonnes était devenu trop petit, il fallait passer à la nouvelle norme européenne de 1350 tonnes.
Pourquoi un canal?Le gabarit des canaux de l'époque était d'environ 70 tonnes (notez que c'est toujours beaucoup plus que ce qu'un camion ne peut transporter). Dès le début de la mécanisation, on augmenté le gabarit à 300 tonnes. Un canal sert principalement pour relier deux bassins fluviaux, par exemple le bassin de la Meuse à celui de l'Escaut. Bon nombres de canaux servent l'industrie: un versant d'un bassin a par exemple uniquement du minérai de fer dans son sol, tandis que l'autre versant a du charbon, mais pas de minérai. Un canal sert parfois de dérivation, par exemple le canal de dérivation de la Lys, qui sert à diriger une partie de l'eau de la Lys vers la mer (près de Zeebruges). Le but est d'éviter les inondations, et à l'époque également d'éviter que l'eau puante de la Lys (elle servait à rouir le lin) ne passe par la ville de Gand. C'est ainsi que le canal de dérivation de la Lys est appellé 'de Stinker': le canal puant. Ce canal n'est pas une voie navigable, mais il peut servir pour le sport nautique.
Un canal dédouble parfois une rivière ou un fleuve. C'est la cas du canal Juliana qui dédouble la Meuse à son entrée aux Pays Bas. A cet endroit, les courants dans la Meuse rendent la navigation dangereuse. Un canal est souvent équipé d'écluses pour stabiliser le niveau et limiter le débit. Les écluses évitent que le point le plus haut du canal ne se vide directement de son eau. Les voies d'eau naturelles peuvent également avoir des écluses (si elles sont navigables), elles sont alors souvent placées à coté d'un barrage pour permettre au cours d'eau de s'écouler naturellement.
Le transport par voie d'eau a des avantages par rapport au transport routier: une péniche peut remplacer environ 50 camions. La consommation de carburant est moindre par tonne transportée. Si le transport est plus lent, il faut savoir qu'un batelier remplace à lui seul des dixaines de routiers. Le coût de la main d'œuvre est donc moindre quand on fait appel au transport par voie d'eau. Le transport par voie d'eau permet de transporter de grandes quantités de matières premières à bas prix: ciment, sable, farine, ferrailles,... Il est même possible de transporter des produits finis et semi-finis: rails de chemin de fer, bobines de tôles d'acier, et pourquoi pas des conteneurs.
Le canal Bruxelles Charleroi
Il avait à l'origine un gabarit de 70 tonnes qui est causé par les difficultés du terrain. Il y avait 55 écluses et le voyage de Bruxelles à Charleroi demandait 3 à 4 jours. Les nombreuses écluses étaient situées l'une à la suite de l'autre, un bief ne faisant que quelques kilomètres de long. Le canal suivait les rivières (la Senette, la Senne, la Samme, etc, des rivières qui ne sont absolument pas nivigables). La ligne de partage des eaux est franchie via un tunnel de 1267m. Le second canal suit en grande partie le même tracé, mais la ligne de partage des eaux est franchie par un second tunnel plus large. Le troisième canal suit un tracé différent, et le tunnel est remplacé par une tranchée, plus facile à réaliser quand il s'agit d'une voie d'eau à grand gabarit. Le nombre d'écluses est réduit, mais la dénivelation par écluse augmente: l'écluse de Ittre comble une différence de niveau de 13.33m (c'est l'écluse avec la plus grande dénivélation en Belgique). L'écluse monumentale de Ittre suit le plan incliné quand on va de Charleroi à Bruxelles. Le canal a 3 écluses sur le versant Sambre et 10 écluses et un plan incliné sur le versant Senne.
Le plan inclinéLe charbon était transformé en cokes près de Vilvoorde. La construction de la cokerie près de Bruxelles était motivée par le fait que le gaz de cokerie pouvait être utilisé par la ville de Bruxelles comme gaz de ville (avant l'utilisation de gaz naturel).
Mais même à cette époque, le plan incliné a été qualifié de GTI ou Grand Travail Inutile: trop cher pour la navigation relativement limitée sur le canal. Actuellement, ce canal bénéficie d'un regain d'intérêt et est à nouveau fort utilisé par les bateliers. Le plan incliné avec sa dénivelation de 68m. permet à lui seul de rempacer une dixaines d'écluses. Le second avantage d'utiliser un bac au lieu d'une écluse c.à.d. l'économie d'eau ne joue pas vraiment ici. Le trop plein d'eau est même utilisé dans une centrale hydro-électrique.
Le plan incliné utilise deux bacs qui font la navette entre le bief inférieur et supérieur. Le bac est continuellement rempli d'eau et peut contenir un ou plusieurs bateaux. L'utilisation de bacs sera également utilisé dans l'ascenseur de Strépy-Thieu. Ce sont deux ouvrages d'art uniques au monde. Les deux bacs fonctionnent indépendamment l'un de l'autre. Chaque bac a son contre-poids de 5200 tonnes qui circule sur la même voie, mais juste en dessous de la voie pour le bac. Les bacs utilisés ici sont un peu plus petits que ceux utilisés à Strépy-Thieu, notament 91m de long, 12 de large et pouvant contenir un niveau d'eau de 3 à 3.7m. La translation qui se fait en 22 minutes (55 minutes environ avec l'entrée et la sortie dans les bacs) permet d'économiser une journée de navigation.
La tour monumentale n'a aucune utilité pratique (par contre le panorama vaut la peine!): le controle des bacs se fait à partit du portique situé beaucoup plus bas et qui a une vue plus détaillée sur ce qui se passe dans le canal. On trouve également des plans inclinés qui transportent chaque bateau à sec. Le bateau se place au dessus d'un siège et le siège qui circule sur des rails est remonté hors de l'eau. Le siège et le bateau parcourent une certaine distance sur ces rails, puis le siège rentre à nouveau dans l'eau et le bateau se remet à flotter. C'est une procédure plus lente qui n'est utilisée que pour les petits navires de plaisance. Au lieu d'un plan incliné qui transporte des bacs, on a également utilisé une pente d'eau (principalement dans le sud de la France). Il s'agit d'un canal incliné (qui évidemment n'a de l'eau que dans sa partie inférieure). Pour monter, le navire entre dant le bout du canal. Un bouclier qui forme une sorte de bouchon mobile ferme le bas du canal et est poussé vers le haut, entrainant l'eau et le navire. Pour compenser les fuites, un filet d'eau est continuellement libéré du bief supérieur quand le système fonctionne. Arrivé en haut, le bouclier forme le bief inférieur d'une écluse classique. Ce système est peu fiable et a été abandonné.
Visite du musée
Il s'agit principalement d'un musée de la batellerie. On suit une famille de mariniers avec les enfants qui sont mis à l'internat. L'internat, je connais bien, j'y ai passé toute ma jeunesse, de 8 à 18 ans (mais pour d'autres raisons). C'est en fait la partie principale du musée. La partie consacrée au plan incliné de Ronquières est vraiment minime. Il est vrai que le plan incliné se visite plutôt de l'extérieur...
Le musée est actif, où on voit des scènes de la vie des bateliers avec des textes parlés et des images projetés sur la coque d'un navire ou sur le ciel qui est transformé en toile de cinéma. Cette partie est vraiment très bien faite. Chaque étape dure quelques minutes, et puis les visiteurs ont le temps d'aller à l'étape suivante, où une nouvelle scène est montrée. Le même ticket permet d'accéder au panorama en haut de la tour. En aval du plan incliné, il y a l'embouchure de la Samme et l'ancien canal qui n'est plus utilisé pour la navigation. Il y a ici encore quelques péniches au gabarit de 300 tonnes. Les anciennes écluses sont remplacées par des chutes d'eau. Il y a quelques restaurants qui tournent très bien dès qu'il fait beau. La région est très belle et la promenade du bief supérieur au bief inférieur est agréable (coté ouest, ne pas prendre la route Baccara où des motards dévalent la route à plus de 200 à l'heure). Mise à jour 2022Le musée a été fermé à cause de la crise du covid. Pendant ce temps, l'entretien du musée et des infrastructures n'a pas eu lieu. Maintenant en début de saison, on remarque sur place que tout doit être remplacé ou réparé. Mais il n'y a plus d'argent pour l'entretien et les réparations, même les plus urgentes. De plus, pendant la saison touristique il faut au moins 5 personnes travaillant au musée.Suite aux inondations de l'été 2021 il faut trouver au moins 52 millions, argent que la Wallonie n'a évidemment pas. Il faut donc faire des choix et c'est le musée qui fait les frais. Le musée ne va donc plus rouvrir. C'est fort dommage, car il nous donnait une idée de ce que c'était la "Belgique de papa", une époque où l'argent coulait à flot. Qu'est ce qui fait la richesse d'une région? Ce sont ses musées, ses terrils, ses friches, ses usines abandonnées (on vient de très loin visiter la tour de redroidissement de Monceau sur sambre). Et qu'est ce qu'on ferme ou détruit? Les musées, les friches, les usines, et même la tour de refroidissement, plus facile l'accès maintenant que la centrale nucléaire de Chernobyl. |
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