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Ecluse de Ittre
Reportages
Photographie
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Le canal de Charleroi à Bruxelles a une longeur de 48km. Il commence à Dampremy (près des anciens hauts fourneaux) et relie la Sambre (et le canal du Centre) à Bruxelles et à Anvers. Le niveau de l'eau est à 100m à Charleroi. Le bief de partage entre la Sambre et l'Escaut se situe entre l'écluse de Viesville et le plan incliné de Ronquières à une hauteur de 121m. Il y a 3 écluses sur le versant Sambre et 7 écluses et un plan incliné en direction de Bruxelles (qui se trouve à 13.30m au dessus du niveau de la mer).


Images à droite (1 et 2):
Vue du bief supérieur avec les portiques qui permettent de relever les portes quand le niveau de l'eau est équilibré.

Toutes les écluses sont construites selon le même moule, une sorte de "Regelbau" à la wallonne. On retrouve les même ouvrages sur le canal du centre, mais avec des portes coulissantes au lieu de portes levantes, mais il y a toujours un portique pour paintenir la porte en place. L'écluse forme un tout en béton armé. Le passage de l'eau du bief vers le sas se fait par des vannes dans l'écluse même et plus par des ouvertures dans les portes des écluses. Il est possible de descendre jusqu'au fond de l'écluse, là où il y a la prise d'eau et la vanne (commandée hydrauliquement à partir du plancher des vaches).


L'écluse est construite en une seule pièce de béton de 26m de haut et de 134m de long. Sous l'écluse et des deux cotés il y a des conduites de service accessibles.


Tableau de commande de l'écluse. Toutes les fonctions sont effectuées par un automate programmable (API ou PLC en anglais)


Images à droite (3, 4, 5, 6):
Moteur de commande de la porte levante (moteur asynchrone à rotor bobiné). C'est un moteur typique des années 1950-1960: ils sont maintenant remplacés par des moteurs asynchrones classiques à commande par variateur de fréquence.

Trappe de visite du moteur asynchrone à cage bobinée. Les charbons prélèvent la tension du rotor et permettent un démarrage pus souple du moteur (sans appel de courant trop important). Un seul moteur est suffisant pour commander une des portes levantes.

Le moteur asynchrone à cage bobinée a deux borniers: le bornier principal au milieu pour l'arrivée du courant et le bornier pour les résistances de démarrage.

La puissance du moteur est transmise au tambour via un système hydraulique. Il y a un moteur auxiliaire qui peut être utilisé en cas de panne de l'installation principale.


Le canal est passé par 3 versions: d'abord un canal de 70 tonnes principalement conçu pour l'approvisionnement de Bruxelles en charbon. Des petites péniches de 19m de long et 2.6m de large ont spécialement été construites pour ce transport. Un tunnel a même été creusé près de Godarville sur la crête entre la Sambre et l'Escaut (tunnel de la bête refaite). Le nom provient d'un lieu-dit où les chevaux (qui jusque la étaient utilisés pour le transport du charbon) pouvaient se reposer. Ce premier canal suit de très près les méandres des rivières et fait 74km de long. Le canal fut inauguré quelques années après l'indépendance de la Belgique. Le halage des péniches dans le tunnel devait se faire à la force des bras (et des jambes). Le transport de la houille de Charleroi à Bruxelles mettait 3 à 4 jours.

Le second canal de 300 tonnes est mis en fonction environ 50 ans plus tard. Le gabarit de 300 tonnes est plus adapté à la navigation de l'époque. Un autre tunnel parallèle à l'ancien est creusé près de Godarville. Deux bassins d'épargne sont associés à certaines écluses. Elle permettent de réduire la consommation en eau lors d'une bassinée. Rapidement, on se rend compte que le canal doit être élargi: en effet, l'industrie s'implante dans la région et il faut transporter du minérai de fer, du charbon, du calcaire,... Le tunnel n'est pas adapté à la navigation avec une péniche à moteur: une seule péniche peut traverser le canal à la fois et il y a file des deux cotés du canal.

La troisième version du canal est la version actuelle. Le tracé est rectifié et si nécessaire on utilise un pont-canal pour enjamber une vallée et un plan incliné pour absorber une dénivélation importante. Nous sommes dans les années 1960, tout va bien, madame la marquise et nous avons la politique du gaufrier. C'est grâce à l'extension du port de Zeebruges que le plan incliné de Ronquières a pu être construit et que la dette publique a pris des proportions catastrophiques (on ne s'en est toujours pas remis).


Images à droite:
Tout le matériel est des ACEC, une firme très active dans les années 1960. Une marque qui n'existe plus actuellement.

Le transformateur moyenne tension 6kV/380V 600kVA pour l'alimentation de l'écluse.


L'eau du canal est fournie par la Sambre et pour le bief de partage par quelques rivières locales, mais l'apport en eau est limité, surtout en été.


La salle des pompes qui servent à refouler l'eau vers le bief supérieur en cas de niveau d'eau trop bas pour assurer la navigation.


Plaque signalétique du moteur d'une des pompes. Les pompes sont directement alimentées par le réseau 6kV. La consommation d'une pompe est de 715kW quand elle doit pomper l'eau du bief inférieur vers le bief supérieur.


Conduite d'eau vers le bief supérieur et vanne papillon qui bloque l'eau quand la pompe n'est pas en fonction .

L'écluse d'Ittre a la dénivélation la plus importante de Belgique, elle est située en aval du plan incliné de Ronquières. Comme la perte en eau dépend de la surface du sas et de la dénivélation, c'est également l'écluse qui produit le plus de pertes en eau par éclusée. A chaque éclusée, le niveau amont chute de 3cm. Pour compenser cette perte, l'écluse a 3 pompes qui permettent de refouler l'eau vers le bief supérieur quand le niveau est devenu trop bas. Le plan incliné de Ronquières qui ne consomme pas d'eau n'a pas besoin de pompes, au contraire il y a une petite centrale électrique en bas du plan incliné.

Dans certaines écluses on préfère utiliser des bassins d'épargne pour limiter la consommation en eau. Le fonctionnement d'une écluse avec bassins d'épargne est montré ici. Mais nous somme dans les trentes glorieuses (les golden sixties à la belge), l'électricité est bon marché et on préfère remplacer les bassins d'épargne des anciennes écluses par des pompes.


Images à droite:
Le tableau général de l'installation éléctrique: la tension de 6kV est directement envoyé aux pompes tandis que la tension est réduite à 380V pour la commande de l'écluse. L'alimentation électrique arrive via le batiment des pompes.

Vue d'un portique à partir du batiment des pompes. La cheminée est la sortie des gaz brulés du groupe électrogène (qui ne sert que pour le fonctionnement de l'écluse).

Vue sur le bief inférieur (direction de Bruxelles) .



Vue sur le portique du bief supérieur à partir du portique du bief inférieur. Les deux portiques sont identiques. Au repos, on tente d'avoir le sas rempli d'eau pour réduire la pression sur la construction.


Poulie et cable de retenue d'une des portes levantes. La pression de l'eau pousse la porte contre le bati et assure l'étanchéité. Tant que le niveau n'est pas équilibré, la porte du bief correspondant ne peut pas être relevée.

La porte du bief inférieur est totalement immergée quand le sas est rempli (porte submersible). A la longue, cela peut causer une corrosion du cable de la porte. Et finalement un effondrement de la porte si le filin n'est pas remplacé.


Images à droite:
Tout comme le réseau ferroviaire, le réseau des écluses disposait d'un réseau de téléphone propre, reliant toutes les écluses. Avec l'arrivée du réseau mobile, cet ancien réseau téléphonique n'est plus utilisé. La communication avec les péniches s'effectue via le réseau VHF.

Le plafond dans les portiques se détache, il y a du bordel partout, mais tant que cela fonctionne on n'y touche pas. Pour éviter la corrosion on trouve de nombreux petits chauffages électriques (même dans certaines armoires électriques). Au bout de nombreuses années de service, les petits chauffages électriques prennent feu et sont remplacés (s'il y a du budget). A droite on voit encore l'endroit où un chauffage électrique a flambé.

Un bateau a coulé il y a quelques semaines, mais personne ne réagit. Pendant ce temps, le carburant se répend lentement à la surface de l'eau.

"Pourtant, que la campagne est belle,
comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
que le canal est pollué ?"

Le bois des quais est complètement pourri, mais au lieu de remplacer les quais, on se contente de fixer quelques plaques beaucoup trop fines.


De chaque coté de l'écluse il y a quelques quais, destinés à l'origine pour les bateaux en attente. Les quais servent maintenant de petit port de plaisance.

Particulièrement du coté du bief inférieur, il y a une étendue d'eau qui permet de réduire l'intumescence quand on vide l'écluse dans le bief inférieur. Quand le sas du bief inférieur est ouvert pour laisser passer la péniche, il se forme une vague qui va lentement se propager jusqu'à l'écluse suivante.

Depuis la construction des écluses dans les années 1960 on n'a pas fait beaucoup d'entretien aux installations. Il n'y a que le minimum qui est effectué: graissage des cables, parfois un remplacement de la centrale de commande (remplacement des relais temporisés par un API). La commande de l'écluse a été modernisée, mais pas celle des pompes. Des trois pompes, il y en a une qui est totalement hors service.


Vue sur le sas inférieur avec route, en dessous il y a des batiments techniques avec le groupe électrogène de secours. La porte de l'écluse est ici sous eau quand le niveau dans le sas est au niveau du bief supérieur.

Et nous arrivons maintenant dans le bunker de l'écluse. On peut descendre par un petit escalier très étroit et en très mauvais état jusqu'au bas de la construction, à -25m par rapport au niveau du sol.

En bas on trouve les vannes pour permettre le remplissage et la vidange du sas. Ce sont des vannes à opercule à commande hydraulique. L'installation de commande se trouve au niveau du sol et le fluide sous pression est envoyé jusqu'à la vanne.

Il y a des vannes de chaque coté du sas, ce qui réduit les courants d'eau lors du remplissage ou de la vidange. Ainsi les péniches ne sont pas poussées d'un coté.

Il y a une pompe qui refoule l'eau qui s'accumule dans le bas de l'ouvrage et un système de ventilation qui extrait l'air humide des boyaux et se met en route plusieurs fois par heure.

Vue sur la prise d'eau du bief supérieur, il y a une connection vers le sas et vers le batiment des pompes (via des vannes)

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