Bois du Cazier
La catastrophe
Cazier
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La catastrophe commence par un incident somme toute mineur: un wagonnet est mal placé dans sa cage. Quand la cage remonte, le wagonnet se bloque. Une poutrelle arrachée par le chariot sectionne des fils du téléphone, des cables électriques haute tension, une conduite d'huile sous pression et une conduite d'air sous haute pression. Les étincelles enflamment l'huile. Rapidement les boiseries s'enflamment à leur tour, attisées par la forte circulation d'air.

L'accident s'étant produit au puits d'arrivée d'air, la fumée toxique se propage rapidement à toute la mine. Une heure plus tard, l'incendie atteint le puits d'aérage, qui devient à son tour inutilisable. Les cables des cages du puits d'aérage cèdent l'un après l'autre et les cages sombrent dans le puits. La mine n'est plus accessible pour le moment.

On arrête la ventilation une heure et demie après le début de l'incendie.

On tente d'accéder à la mine par un troisième puits en construction (puits Foraky), mais les passages du puits vers les galeries de la mine avaient été bouchés pour des raisons de sécurité. Il faudra plus de 4 heures pour déblayer le bouchon. Le puits Foraky ne sera plus utilisé par après.

Ce n'est que deux heures après l'accident qu'on se décide à désolidariser les deux cages du puits d'extraction. Pour les désolidariser, il faut effectuer une opération mécanique complexe qui a duré deux heures, mais dans les cas d'urgence il est également possible de sectionner le cable qui bloque avec un chalumeau (pourquoi ne l'a t'on pas fait?) Une équipe descend dans le puits, mais doit remonter à cause de la forte chaleur.

Deux heures plus tard, on remet la ventilation en marche, ce qui fait baisser la température dans le puits d'extraction (le puits d'extraction aspire l'air frais de l'extérieur à cause de la dépression d'air). Une expédition de trois hommes atteint la mine à une profondeur de 715m. Il sera encore possible de sauver quelques vies le jour même.

La mine disposait d'un treuil de secours qui pouvait être utilisé dans les deux puits, même avec le cable de la cage bloquée dans le même compartiment. On n'a pas utilisé le treuil de secours, alors que pendant trois heures aucun des puits n'était accessible. Le treuil était actionné par une machine à vapeur qui demande un temps important pour être prête à fonctionner (le rapport d'experts n'indique pas combien de temps dure la montée en pression).


Photo 1 et 2:
L'accident a eu lieu le 8 août 1956 à 8h10 du matin. L'équipe matinale venait juste d'arriver sur les lieux pour commencer le travail.

Une vue très schématique des puits (les galeries d'exploitation ne sont pas indiquées). Le puits Foraky (à gauche) en creusement n'était pas encore utilisable.


La catastrophe a montré la vétusté des installations: la mine devait remonter chaque jour du charbon et il n'était donc pas question de mettre les installations à l'arrêt pour les moderniser. Il y avait très peu de préparation en cas d'accidents. Des opérations qui semblent élémentaires n'ont pas été effectuées rapidement: séparation des cages au chalumeau, utilisation du treuil de secours, etc. Il semblerait qu'on n'ait jamais fait d'exercices de secours.

Le grisou

La cause de l'accident n'a pas été le grisou dans cette mine. Le grisou est un gaz explosif composé principalement de méthane et parfois d'autres gaz en petite quantité: radon et monoxyde de carbone. Des gaz de grisou, seul le monoxyde est toxique à faible concentration.

Le grisou est explosif quand sa concentration dans l'air est entre 5 et 15%. Même au taux maximal, l'air est encore respirable. Le grisou était détecté par une lampe de sécurité qui a un grillage métallique pour empècher la flamme de se propager à l'extérieur de la lampe. Quand la flamme s'allonge, cela veut dire qu'il y a du grisou. Il ne faut alors pas continuer à travailler, car une explosion peut se produire à cause de chocs et des étincelles que cela peut produire.

Si la flamme s'éteint, c'est qu'il y a trop peu d'oxygène dans l'air (moins de 17%). Pourtant l'air est encore respirable, pour autant qu'il ne contienne pas de monoxyde de carbone.

On a utilisé des canaris pour détecter la présence de grisou. En fait, ces canaris ne sont pas sensible au méthane (tout comme nous), qui est simplement un gaz asphyxiant, mais de part leur petite taille ils sont très sensibles au monoxyde de carbone (qui agit très rapidement même à faible dose chez les oiseaux).

Pour sauver la canari, on fermait la cage et on envoyait une bouffée d'oxygène: le canari redevenait rapidement conscient.


Photo 3 et 4:
Masque à gaz utilisé par les sauveteurs. Il s'agit d'un système à circuit fermé pour économiser l'oxygène. La bonbonne à gaz contient de l'oxygène qui est libéré très lentement pour remplacer l'oxygène absorbé. Le dioxyde de carbone produit par la respiration est lié dans la cartouche régénératrice. Ce système (également utilisé par les plongeurs professionnels) permet une longue durée d'autonomie et un encombrement relativement réduit.

Les consignes à suivre étaient bien indiquées, mais la réalisation pratique a laissé à désirer.


Après l'accident, la mine à continué à travailler, mais à allure plus réduite. Le puits Foraky qui était principalement prévu pour l'aérage sera remblayé et ne sera donc jamais utilisé.

Quelques années plus tard, en 1961, on se décide à fermer l'exploitation, mais pendant les travaux de cloture les ouvriers tombent sur une nouvelle veine de charbon. La mine sera définitivement fermée en 1967.

En 2016 il y a une exposition temporaire consacrée à la catastrophe au musée de la photographie de Charleroi. Le musée est situé tout près de la mine (à 5km) et il est possible de visiter les deux lieux en un même jour.

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