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Avant l'arrivée d'amplificateurs pouvant commander une puissance élevée, il fallait "faire avec" les différentes sortes d'amplificateurs magnétiques. Je ne me limite pas qu'aux seuls amplificateurs magnétiques statiques, mais je traite également des différents amplificateurs magnétiques mécaniques qui ont précédé (amplydine). C'est en fait un hommage à Ernst Alexanderson qui a inventé la plupart des amplificateurs mécaniques. Ce sont les allemands pendant la seconde guerre mondiale qui ont utilisé à grande échelle et pour la première fois les amplificateurs magnétiques à inductance saturable. Ils les ont vraiment utilisés pour tout: pour diriger les canons, pour guider les V2, pour controler la puissance dezs moteurs électriques,... Ils recherchaient un type d'amplificateur très solide et ne tombant pas en panne. L'arme secrète des allemands, c'était l'amplificateur magnétique! Les américains ont préféré travailler avec les amplidynes (qui n'étaient pas aussi polyvalents et devaient régulièrement être entretenus). Pendant la seconde guerre mondiale, les allemands étaient en avance technologique dans beaucoup de domaines. L'amplidyne décrit sur la page précédente a un inconvénient de taille et c'est justement... sa taille. Il s'agit d'une lourde construction ayant des parties mobiles: c'est en fait une dynamo de construction spéciale pour obtenir un gain élevé. Un amplificateur magnétique statique (sans parties mobiles) a également un gain en puissance élevé, mais sans les parties mobiles qu'il faut régulièrement entretenir. L'amplidyne est basé sur le gain en puissance d'un générateur, tandis que l'amplificateur magnétique est basé sur la modification de l'impédance d'un bobinage (inductance saturable). L'amplificateur magnétique travaille avec du courant alternatif (courant commandé), tandis que la commande s'effectue avec du continu. Une application pratique des inductances saturables est le doublement de la fréquence d'un générateur. Cette application est décrite sur la page des premiers postes de radio. Nous décrivons ici deux montages:
Principe de fonctionnement de l'inductance saturable: un bobinage "en l'air" parcouru par un courant électrique produit un champ magnétique. Il n'y a pas de self-induction qui réduit le courant, qui est de ce fait uniquement limité par la résistance ohmique du bobinage et par la résistance de la charge.
Figure 1: Le champ induit est si puissant qu'il produit une self-induction qui s'oppose au courant traversant la bobine. Le courant alternatif total est donc faible, c'est comme si la bobine avait une résistance (impédance) élevée.
Figure 2:
Figure 3:
Figure 4: Le bobinage de contrôle se compose de nombreux tours de fil fin, permettant d'obtenir beaucoup d'ampères-tours avec un courant relativement faible. Le noyau entre plus ou moins rapidement en saturation selon le niveau de prémagnétisation.
Figure 5:
Figure 6: L'ajout de diodes produit une réaction positive interne (contrairement à la contre-réaction positive externe, elle ne nécessite pas de bobinage supplémentaire). Cette contre-réaction fait passer le gain d'un amplificateur à 1000×. Ce type de montage avec diodes est appellé amplistat. Quand on parle d'amplificateur magnétique, on parle en fait d'amplistat (avec diodes).
Figure 7: Un des avantages de l'amplistat c'est qu'il fonctionne pratiquement sans pertes!
Alors que les alliés ont utilisé l'amplidyne pour guider les canons vers les V1 et les avions allemands, les allemands ont eux utilisé des amplificateurs magnétiques dans les fusées V2 (voyez l'article sur les V1 et V2). Malgré le supplément de poids, ce type d'amplificateur était le seul appareil suffisamment solide pour résister aux vibrations dans une fusée. Passé la seconde guerre mondiale, on a continué à utiliser des amplificateurs magnétiques dans les avions parce qu'ils étaient très fiables (résistants aux chocs), pouvaient fonctionner sur une tension d'alimentation non stabilisée et avaient un très bon rendement. De plus, le 400Hz des avions permet d'utiliser des inductances plus petites tout en augmentant la vitesse de réaction. Je me souviens qu'on employait des inductances saturables dans les années 1960 pour l'éclairage de scène modulable. Au lieu d'utiliser de gros rhéostats dissipant la moitié de la puissance appliquée aux lampes, on utilisait des inductances saturables commandées par un faible courant. Un potentiomètre normal suffisait pour commander plusieurs grosses lampes. La commande par inductance saturable a été utilisée jusqu'à ce que toute l'installation soit remplacée (par exemple grande rénovation d'un théatre). On est passé aux triacs qui produisent peu de pertes (commutation tout ou rien) mais beaucoups de parasites dus à la commutation.
Figure 8: On utilise le "primaire" comme bobinage de contrôle (beaucoup de tours). C'est ici qu'on connecte le courant continu de commande. Il n'y a pas de polarité. La tension doit être réglable de 0 à quelques volts. Le bobinage de puissance est le "secondaire". Notez bien le sens du branchement pour éliminer l'effet de transformation. Ce montage correspond au montage simplifié de la figure 6. Selon les transfos utilisés, on obtient un gain en courant d'environ 50×. Si on utilise en plus des diodes, on peut augmenter fortement le rendement et l'amplification (fonctionnement comme amplistat). Les diodes redressent le courant dans le bobinage, produisant un champ magnétique continu qui s'ajoute au champ de controle. C'est comme si le courant de controle était dix fois plus puissant.
Figure 9: Une des caractéristiques de ces amplificateurs magnétiques est leur durée de vie pratiquement éternelle. Ils sont encore utilisés dans le cœur des centrales nucléaires, car ce sont les seuls amplificateurs qui sont insensibles aux radiations. Les radiations nucléaires (bombardement de particules) détruisent en effet la structure cristalline des transistors. Ces amplificateurs résistent bien aux surcharges et surtensions, mais sont fort lourds et réagissent relativement lentement. Il est techniquement possible de fabriquer un amplificateur magnétique pour les fréquences plus élevées en utilisant un courant alternatif de fréquence plus élevée (environ 5× plus élevée que la fréquence la plus élevée à amplifier). On emploie alors des transfos à circuit magnétique en ferritte.
Utilisation actuelleLa fréquence de commutation de ces alimentations est très élevées, les inductances peuvent donc être très petites, pas plus grandes qu'un composant SMD. Contrairement à un transistor fonctionnant en mode linéaire, une inductance saturable ne produit que très peu de pertes. Et même les transistors utilisés en commutation peuvent avoir des pertes à la commutation plus importantes que les inductances. On utilise parfois des inductances saturables pour facilier la synchronisation d'un groupe électrogène au réseau.
Figure 10:
Figure 11: |
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