Base Militaire de Zeebrugge
L'avenir de la Marine 2026
Marine
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Le M940 BNS Oostende pendant la construction en France


BNS M940 Oosntende entre au port de Zeebruges.
Le navire ne peut pas être réparé au hangar à navires.

Nous sommes fin 2025. Quel avenir se dessine pour la Marine Belge?

Maritec, Clemaco, Serco

Jusqu'aux années 2020, la base navale de Zeebrugge disposait de techniciens fournis par une entreprise extérieure. Il s'agissait successivement de Maritec, Clemaco, et aujourd'hui Serco Maritime Services. Ces entreprises devaient fournir un certain nombre de techniciens. Ce système convenait à tous. En cas de problème à bord, les marins, les techniciens de Clemaco et ceux de Serco pouvaient intervenir immédiatement. Les techniciens de Maritec ou de Clemaco étaient les techniciens officiels de la Marine.

Problèmes rencontrés par les techniciens de Serco

Mais la Marine a été déboutée: un tel contrat était interdit. Il a donc fallu le modifier afin que l'entreprise extérieure soit rémunérée au temps travaillé. Ce système présente des lacunes, car un ordre de travail est désormais requis pour chaque intervention. Un navire ne peut plus simplement contacter un atelier pour une réparation. Il arrive qu'une semaine s'écoule entre l'escale d'un navire et l'arrivée d'un technicien, et ce n'est pas de sa faute (le navire croit à tord que c'est sa faute qu'il ne s'est pas présenté plus tôt).

Le budget disponible pour les travaux a rapidement été dépassé, car les coûts d'entretien et de réparation étaient calculés au prix du marché. L'entretien de votre voiture dans un garage de marque se fait au tarif horaire de 58€. Cela n'a rien d'inhabituel dans le pr!vé, mais pour la Marine, c'était une pilule amère à avaler.

De plus, le nombre de navires disponibles pour les interventions diminue constamment. Par conséquent, les serconiciens utilisent un maximum d'heures pour accomplir une tâche, tandis que les planificateurs tentent de réduire au minimum le temps alloué à chaque réparation afin de respecter le budget.

Un système qui aurait dû être plus efficace se révèle inadapté en pratique. Tout le monde est insatisfait : les équipages, car chaque intervention doit être approuvée au préalable, la Marine, qui cherche à réduire les coûts par tous les moyens et les serconiciens, qui ignorent s'ils auront encore un emploi le mois prochain. Le travail au sein de la Marine est également si spécifique qu'ils ne trouveraient probablement jamais de travail ailleurs (la génération actuelle de navires utilise une technologie vieille de 40 ans).

Il se passe quelque chose d'important au sein de la Marine. Par exemple, les nouveaux navires ne peuvent plus être réparés dans le hangar à navires de Zeebrugge: ils sont tout simplement trop grands. Seuls les drones seront encore réparés à la base. Maritec, Clemaco et Serco, autrefois partenaires privilégiés de la Marine, sont désormais des entreprises normales. D'ailleurs, La Marine fait de plus en plus appel à des sociétés externes, et non plus spécifiquement aux serconiciens. À la cantine, on croise souvent plus de techniciens d'autres entreprises que de serconiciens.

Serco Maritime Services rencontre un problème majeur: elle ne peut pas commander de pièces détachées elle-même, elle doit s'appuyer sur la Marine. Or, quiconque travaille pour l'armée sait que les pièces portant un numéro NSN sont bien plus chères que celles achetées chez un grossiste. De plus, les pièces militaires sont souvent en rupture de stock. Serco ne peut donc pas rivaliser à armes égales avec, par exemple, Radio Holland. Le magnétron du radar est-il défectueux ? Serco doit passer commande auprès de l'armée, alors qu'une autre entreprise peut simplement commander les pièces sur le marché, les installer 24 heures plus tard et appliquer une marge bénéficiaire conséquente (tout en restant en dessous du prix militaire).

Civil à la Défense

Il y a donc un problème, et de nombreux sercoteurs en sont conscients. Il existe une solution: travailler comme Civil à la Défense. Vous êtes (presque) militaire, mais en tant que civil. Vous bénéficiez d'un contrat à durée déterminée, très avantageux pour la sécurité de l'emploi. Vous êtes en quelque sorte un fonctionnaire: il faudrait faire un coup d'État pour être licencié. C'est d'ailleurs le chemin que j'ai suivi: d'abord comme technicien Serco pendant 12 ans, puis j'ai démissionné pour rejoindre l'armée en tant que civil (précision: je n'ai aucune intention de faire un coup d'État).


Auparavant, il fallait passer un examen chez Selor, mais maintenant, la société chargée des sélections s'appelle "travaillerpour". Comme elle recrute principalement des fonctionnaires, des membres de la Marine sont présents lors du processus de sélection car ils savent exactement ce dont ils ont besoin. En général, tous les techniciens de Serco sont embauchés directement (cela peut prendre quelques mois).

Travailler pour l'armée présente plusieurs avantages: on fait partie intégrante de l'armée, on ne travaille plus pour une entreprise de services à l'armée. C'était important pour moi (et pour quelques autres), car la hiérarchie chez Serco est défaillante. On est désormais plus impliqué dans la vie militaire (salut au drapeau, toast au Roi, etc.). L'atmosphère est aussi complètement différente: on est beaucoup plus respecté par la hiérarchie militaire, on est l'un des leurs. La Marine elle-même encourage cette approche: l'idéal est que les techniciens qualifiés travaillent directement pour elle. Il y a quelques années, le commandement militaire a fait un constat amer: la Marine n'avait plus de techniciens propres.

Bien sûr, il y a aussi des inconvénients pour les techniciens (et c'est l'une des raisons pour lesquelles la Marine se réjouit de leur intégration en tant que civils). Le personnel militaire et les civils employés dans l'armée sont essentiellement des fonctionnaires, et les fonctionnaires sont encore perçus comme des personnes travaillant derrière un ordinateur et dont la rémunération ne doit pas être trop élevée (contrairement aux techniciens du secteur privé, qui doivent être payés au prix du marché). Par conséquent, la Marine a moins de coûts liés à ses techniciens: il n'y a pas d'intermédiaires à rémunérer et les conditions salariales sont nettement moins avantageuses pour les techniciens.

Il existe néanmoins une différence entre un employé et un ouvrier. Les fonctionnaires sont des employés, avec toutes les conséquences que cela implique : ils sont payés mensuellement, et non à l'heure. Les heures supplémentaires ne sont donc généralement pas rémunérées et doivent être récupérées. C'est un inconvénient si l'on souhaite arrondir ses fins de mois en faisant beaucoup d'heures supplémentaires. Actuellement, avec mon salaire à la Marine et ma pension, je gagne à peu près autant que lorsque je travaillais chez Serco (avant impôts).

BNS Bellis

Images à droite:
Le BNS Bellis (M916) quitte le hangar après sa dernière opération de maintenance (8 décembre 2025). C’est un moment historique, car il marque la fin de la grande maintenance des chasseurs de mines actuels. Les chasseurs de mines quittent la base navale de Zeebrugge un à un, probablement pour ne jamais y revenir, peut-être lors d’une des "Journées de la Flottille" après la guerre. Le personnel militaire chargé de la maintenance pose pour une photo.

Nous entrons dans une nouvelle ère, car les nouveaux navires ne seront plus entretenus à Zeebrugge: le hangar étant devenu trop petit pour les accueillir. Ce dernier est d’ailleurs en cours d’aménagement pour la maintenance des drones.

Le Bellis, ainsi que le Crocus, le Lobelia et le Primula, sont cédés à la Bulgarie. Le Narcis a été donné à l'Ukraine et navigue déjà avec un équipage ukrainien (sous le nom de Marioupol, voir la dernière image à droite).

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