Télévision
Historique des téléviseurs
Teleavia
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Les autres exemples de télévisions monochromes sont décrits ici.

Teleavia P111
L'appareil décrit ici est assez surprenant, surtout quand on le voit en vrai, c'est pour cela que je lui ai donné une page séparée. C'est le premier téléviseur vraiment désign, avec un écran qui peut tourner dans tous les sens (aussi bien verticalement qu'horizontalement). Le "P" dans l'indication de type, c'est pour dire "Panoramique".

Plusieurs publicités montrent une personne installée par terre et l'écran est tourné vers le bas. C'était absolument insolite pour l'époque. Remarquez sur la publicité que l'appareil fonctionne sans prise de courant et n'a même pas besoin d'antenne. Déjà la publicité pouvait nous mentir!

L'appareil a été lancé fin des années 1950 et le public français très traditionaliste n'était alors pas très chaud pour un tel design futuriste et l'appareil n'a reçu qu'un succès d'estime.

La marque Teleavia existe encore et produit toujours des téléviseurs (à écran plat, évidemment), mais avec bords courbes. L'image apparait sur toute la face avant (borderless comme un smartphone).

Venons-en à notre schéma, à présent. C'est un des rares appareils qui utilisent encore un transfo d'alimentation, mais c'était une nécessité à l'époque quand il y avait encore des réseaux en 110V, 130V et 220V.

Plus tard, on utilisera un doubleur de tension, mais il n'est pas pratique si réalisé à partir de tubes car la chute de tension sur deux tubes est trop importante. Tant qu'on ne disposait pas de diodes de puissance au silicium, pas possible d'employer un doubleur de tension, il fallait utiliser un transfo.

Le transfo d'alimentation fournit aussi bien le courant de chauffage des tubes que la haute tension. Le redresseur haute tension utilise deux diodes EY82, le redressement est à double alternance ce qui permet d'avoir un meilleur filtrage. La télé utilise même une self de filtrage, le grand luxe!

La haute fréquence est classique pour l'époque et utilise un montage cascode avec une double triode ECC84 (qui sera remplacée par une double triode PCC88 dans les appareils plus modernes). Le changement de fréquence s'effectue avec un ECF80, également un tube spécialement construit à cet usage (qui sera remplacé par un PCF80). La triode est l'oscillateur local, la pentode est le tube mélangeur. L'appareil ne peut recevoir que la bande VHF-I et VHF-III, les seules bandes qui étaient utilisées à l'époque. Le tuner est un module indépendant qui peut facilement être remplacé.

Pour la moyenne fréquence, on utilise trois tubes EF80 alors qu'il existait déjà des tubes EF184 qui avaient un meilleur rendement aux moyennes fréquences élevées utilisées dans les télés. Les tubes EF184 sont même pin-compatibles, il suffit simplement de corriger légèrement l'accord des étages MF.

Le signal est ensuite détecté et forme le signal vidéo (à modulation positive, cela se voit à la diode qui est placée dans le "mauvais sens"). Le tube video est un EL83, un tube spécialement construit pour cette fonction. En 819 lignes, la bande passante vidéo est double de celle en 625 lignes et il faut un tube plus puissant. Il y a une petite erreur dans le schéma: la résistance R92 de 470kΩ doit normalement aller au filament, et non à la cathode (pour que les deux électrodes soient environ au même potentiel, le tube-image disposant de son propre bobinage pour le courant de chauffage).

Pour la partie audio, il y a la première pentode moyenne fréquence qui est commune et puis deux pentodes EF80 et EBF80. Le signal détecté est en AM en France. Le tube de puissance son est un EL84. Le principe de l'interporteuse (qui permet d'économiser deux tubes) n'est pas possible en AM.

Les tops de synchronisation sont prélevés sur l'étage vidéo, amplifiés par un ECF80 (partie pentode). Un filtre passe-haut ne garde que les tops de ligne. Ce signal est envoyé à une double triode ECC82 qui est envoyée en saturation. Le tube de sortie ligne est un EL36 qu'on retrouve dans beaucoup de téléviseurs de cette époque (type PL36).

Pour la trame, c'est un peu plus complexe, on utilise un oscillateur à relaxation déclenché par l'impulsion de trame ECL82.

Qu'est ce que le schéma a encore de particulier? Tout d'abord il a été conçu pour le marché français uniquement, qui travaille en 819 lignes. Ce système a été lancé entre autre pour protéger le marché français, mais a également eu comme effet que l'appareil ne pouvait pas être exporté, puisqu'aucun autre pays n'utilisait cette norme.

L'appareil n'a pas de contre-réaction (contrôle automatique du gain), qui est complexe à réaliser quand la modulation de l'image est positive. Le réglage du contraste se fait par modification du gain de l'étage cascode et du premier étage moyenne fréquence, ce qui peut causer un décrochage de la base de temps quand on met le contraste au minimum (tops de synchronisation trop faibles).

Il y a un contrôle automatique du gain pour le dernier étage moyenne fréquence audio, le système est nécessaire dans tous les postes de radio AM.

Pour réduire les parasites en AM, on a prévu un acccessoire qui sera rajouté par après, un bouchon anti-parasite. Le circuit utilisé ici est assez simple, une version plus élaborée est décrite ici: anti-parasite AM. Quand on utilise une antenne intérieure, celle-ci capte également les parasites ménagers (dont ceux issus des téléviseurs).

Bien qu'équipé d'un tuner VHF, l'appareil ne pourra recevoir qu'un seul poste, la première chaine française. Quand la seconde et la troisième chaine seront lancées, elles travailleront en 625 lignes comme le reste de l'Europe (mais toujours avec une modulation positive et un son AM, tous deux techniquement moins bons).

Déjà quelques années après la fabrication de la télé, on parle de supprimer le 819 lignes, ce qui a plombé les ventes de l'appareil. Fabriquer un appareil multinormes aurait fortement fait grimper son prix, à une époque où le consommateur moyen ne disposait pas encore de beaucoup de revenus.

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