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Au début les tubes-images avaient une face avant ronde et un cache limitait la partie visible. Puis sont venus les tubes à face avant rectangulaire, mais la face était toujours très bombée, aussi bien pour faciliter la fabrication que pour réduire les problèmes de focus. Avec un écran plus plat, le rayon doit parcourir une plus grande distance quand il frappe les coins. Philips était dans les années 1950 principalement un fabricant des composants électroniques. Philips fabriquait bien entendu également des téléviseurs, mais n'était pas en mesure d'approvisionner tous les marchés. La globalisation ne jouait pas encore et les les marques locales avaient beaucoup d'attrait; Philips n'était connu qu'aux Pays Bas. Ce schéma (daté de 1953) était proposé gracieusement aux fabricants de téléviseurs, avec des notes très détaillées comment régler les différents étages. Il reprens les "best practices" de l'époque. Une liste des composants (avec la référence Philips) se trouve à la page suivante. Même aux Pays Bas il y avait des petits fabricants qui utilisaient des composants Philips pour la partie critique (tube cathodique et haute tension) mais utilisaient des composants d'autres fournisseurs pour le reste (Erres est un de ces fabricants). Les différents tubes, bien qu'étant de la série Ex.. (6.3V pour le chauffage, branchement parallèle sur transfo rabaisseur) pouvaient également travailler comme tube Px.. (courant de chauffage série de 300mA). Cela évitait l'utilisation d'un transfo lourd et couteux (qui de plus pouvait influencer la linéarité de l'image par son champ magnétique). Le tuner utilise une pentode EF80 comme étage haute fréquence. Cette pentode n'est pas vraiment à sa place ici (elle produit un bruit de fond élevé). Ce tuner n'est valable que pour la bande VHF-I (et éventuellement VHF-III pour les émetteurs puissants). Le changement de fréquence est effectué par une double triode ECC81. La moyenne fréquence se compose de 4 pentodes EF80 avec réglage automatique du gain, sauf le dernier tube qui doit travailler à puissance constante pour attaquer correctement le détecteur. Les premiers étages ont un CAG retardé qui ne réduit l'amplification que quand le signal d'antenne est très puissant. La détection est assurée par des diodes au germanium et produit à la fois le signal vidée et l'interporteuse de 5.5MHz (vous les français, vous ne savez pas ce que c'est, retournez dormir). Il y a deux étages vidéo, utilisant encore un tube EF80 suivi d'une triode-pentode ECL80 dont on n'utilise que la partie pentode. Le tube ECL80 a un filament de 6.3V 300mA ce qui permet l'utilisation du tube aussi bien dans les montages série ou parallèle. Mais la puissance disponible pour le chauffage est de ce fait limitée, ce tube ne peut pas fournir une puissance élevée, tout au plus un peu plus d'un watt. De plus, pour concentrer l'intensité du chauffage, la cathode est commune à la triode et à la pentode, ce qui peut compliquer certains schémas. Le réglage du contraste se fait (enfin!) par un potentiomètre normal sur un étage vidéo et non pas par le réglage de l'amplification moyenne fréquence (ce qui pouvait causer un arrêt de la synchronisation ou un bruit de crécelle si l'interporteuse était trop faible). De plus le réglage du contraste en jouant sur le gain de la moyenne fréquence empèchait d'utiliser un réglage automatique du gain. La partie son est assez particulière et utilise un tube EQ80 pour la détection FM. Ce tube a été construit spécialement pour cette fonction. Il sera remplacé rapidement par un discriminateur à diodes au germanium (ayant un gain de conversion plus faible et nécessitant un tube supplémentaire). La basse fréquence audio ne nécessite qu'un tube, un PL82. On retrouve le tube EQ80 dans la synchronisation (il sera remplacé plus tard par une triode-heptode PCH200 à partir de 1964). On retrouve un petit tube néon utilisé comme stabilisateur. Le générateur de dents de scie est un ECL80. La sortie ligne est un tube PL81 qui suffisait à l'époque om les écrans ne faisaient que 38 cm de diagonale et dont la déflection était de 60°. Le tube avait un cône en métal: il n'était alors pas possible de construire des tubes cathodiques tout en verre d'une telle grandeur. Cela signifie que l'extérieur du tube était porté à une haute tension de 14kV (je ne vous parle pas de la production d'ozone!). Comme le verre ne peut pas agir comme condensateur, il est nécessaire d'ajouter un condensateur très haute tension pour filtrer la tension. Quelques années plus tard, ce tube sera remplacé par une version totalement en verre. Le circuit de trame utilise un ECL80 (encore un!) comme oscillateur à relaxation suivi d'un PL82, qui sera remplacé bien plus tard par un PCL82 et puis un PCL85. Notez la présence d'une résistance VDR pour linéariser la déflection. L'alimentation utilise deux diodes PY82. Le circuit de chauffage est équipé d'une résistance NTC dont la valeur chûte au bout de quelques secondes. Cela permet de limiter le courant de chauffage dans les tubes quand le filament est froid. Il y a plus de schémas de téléviseurs monochromes sur cette page.
La première publicité dans le magazine Radio Bulletin de janvier 1957. On voit bien que Philips fabrique des téléviseurs, aussi bien pour le marché propre que pour la Belgique. L'angle de déflection est enfin devenu 90° (et le restera très longtemps). Les appareils sont vendus au prix démocratique de 10.950 à 22.450 fr. Mes parents qui n'avaient pas les moyens ont du louer un appareil jusque fin des années 1960. La seconde réclame date de février 1957 et on voit bien que Philips mange à deux rateliers: l'entreprise vend aussi bien des téléviseurs que des composants électroniques. Il n'y a pratiquement pas de différence en ce qui concerne les tubes utilisés par rapport au schéma de 1953 (sauf le tube image), alors que chaque année il y a un nouveau iphone qui est mis sur le marché. Comme le tube-image est devenu plus grand et l'angle de déflection est passé de 60° à 90°, il a fallu remplacer le tube de déflection horizontale par un PL36 au lieu du PL81. Pour la trame, on garde le PL82. Les transistors existaient déjà en 1957 (OC44, OC45, OC70, OC71 et OC72) mais les fabricants étaient peu enclins à les utiliser: les tubes étaient en fait plus fiables que les transistors. Les tubes avaient fait leur preuves, il n'y avait plus de frais de recherche à amortir, chaque tube raportait gros à Philips, ce qui n'était pas encore le cas des transistors, qui étaient encore en développement. Les techniques de fabrication de l'époque limitaient la dissipation d'un transistor à un peu plus de 100mW. On continuera à utiliser des tubes jusqu'à la fin des années 1970, même dans les téléviseurs couleurs. Il n'y avait que les tubes qui pouvaient fournir une puissance élevée et travailler à une haute tension. |
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