Retournons aux sources de l'électronique, avec un des amplificateurs les plus connus, l'amplificateur de Williamson. |
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Dans l'entre deux guerres, un montage standard est établi pour les amplificateurs, c'est le circuit de Cocking. Cet amplificateur est destiné aux salles de cinéma et sa qualité dépasse celle des sources sonores de l'époque (films avec piste sonore optique). Il se compose d'un étage déphaseur de type cathodyne, d'un étage long tail (montage de Schmitt) et de deux triodes de puissance. Les tubes de l'époque, les 300A et 300B de General Electric ont les caractéristiques requises pour avoir un bon ampli. Ce sont encore des triodes à chauffage direct. Enfin (c'est pas trop tôt), on délaisse le transformateur déphaseur pour utiliser un déphaseur basé sur des tubes. Le principe à cette époque est d'avoir une distorsion limitée qui augmente graduellement avec la puissance fournie. Un taux de distorsion de 5% a puissance maximale était jugé acceptable. Une distorsion plus faible n'était pas nécessaire, les sources de l'époque ne permettaient pas la haute fidélité (disques 78 tours, radio AM et films avec piste sonore optique). L'amplificateur de Cocking répond parfaitement à la demande. Il n'y avait pas encore d'amplificateurs hifi grand-public après la seconde guerre mondiale, mais à cette époque la construction de postes de radio et d'amplificateurs était un hobby très à la mode à cause du grand nombre de composants (surplus militaires).
Le but est d'obtenir une distorsion inféreure à 0.1%, caractéristique principale de la reproduction en haute fidélité. Le montage Williamson permet d'y arriver, et les critiques sont unanimes: "c'est le meilleur amplificateur que nous avons entendu". Mais le montage a également plusieurs inconvénients:
Les distorsions de chaque étage augmentent avec l'amplitude du signal. On a donc des déformations sur l'étage d'attaque des tubes de puissance, mais ces distorsions sont fortement réduites par la construction symmétrique à partir de cet étage. Mais évidemment il faut des composants de précision pour limiter les harmoniques paires. S'il n'y a pas encore de fabricants d'amplificateurs haute fidélité à cette époque, il y a par contre tout un marché de pièces électroniques (surplus militaire), souvent de très bonne qualité car devant répondre à des normes très strictes. Ce qui a lancé l'amplificateur, c'est une combinaison de facteurs et le fait qu'il ait mis le montage dans le domaine public, permettant à tous les amateurs de construire un ampli de bonne qualité. Des magazines spécialisés diffusent largement des schémas et des plans de montage et des entreprises livrent les composants nécessaires. Dans certains montages, et contrairement aux principes de Williamson, on limite la bande passante de l'ampli aux fréquences élevées pour éviter les oscillations. C'est la méthode la plus simple et elle permet d'éviter d'utiliser un transformateur de sortie très spécifique et fort cher. Le montage avec des tétrodes à faisceau dirigé monté en triode est remplacé par un montage ultra linéaire qui permet d'obtenir une puissance triple avec les mêmes composants, sans augmenter les distorsions. Ce montage nécessite un transformateur adapté. Mullard lance sa propre version d'un amplificateur haute fidélité (les amplis Mullard 5-10 et Mullard 5-20) qui utilise un montage complètement différent et une contre réaction moins énergique. Mullard est une firme de composants, et la vente de kits est à cette époque un marché très rentable. On se rend alors compte que si l'ampli Williamson est très bon quand tout va bien, il a de nombreux défauts en pratique. On se demande parfois comment des amateurs qui n'avaient qu'une connaissance rudimentaire de l'électronique, des déphasages et de la contre réaction ont pu construire des amplificateurs Williamson atteignant un taux de distorsion de 0.1%. A cette époque un oscilloscope coutait une fortune et seul les laboratoires pouvaient s'en payer un. Des amateurs (et plus tard des constructeurs) améliorent pas à pas le montage Williamson. Une étape suivante est de placer un condensateur électrochimique à la cathode des tubes de puissance, ce qui réduit leur impédance de sortie. Lors de la conception du Williamson, il n'y avait pas encore de condensateurs électrochimiques, et la valeur la plus élevée de condensateurs qu'on pouvait trouver était 8µF en condensateur papier. Une valeur tellement faible n'est évidemment pas utilisable. Remarquez que le montage Williamson standard n'utilise pas de condensateurs électrochimiques (et c'est pour cela que certains montages ésothériques récents n'utilisent pas de condensateurs électrochimiques non plus). Puis on passera de la polarisation par résistance de cathode à une polarisation par tension négative qui permet un fonctionnement plus stable en classe AB. Si au début on se contente de réduire le déphasage par une cellule R-C, on passe également à une limitation de la bande passante (une hérésie selon Williamson), ce qui stabilise l'ampli quand il reçoit des signaux en crénaux (les hobbyistes viennent de découvrir les générateurs de signaux et les oscilloscopes). La limitation de la bande passante permet de venir à bout des dépassements (overshoot et ringing). Williamson a toujours voulu éliminer les oscillations parasites par le choix d'un transformateur et de composants de très haute qualité, mais il n'est pas économique de fabriquer de tels amplificateurs pour les masses. Du montage Williamson, on retiendra surtout la construction typique des étages préamplificateurs et d'attaque des tubes de puissance. C'est toujours le montage de référence. En ce qui concerne les tubes de puissance on est passé des triodes à chauffage direct à un montage ultra linéaire ou pentode (parfois avec une contre réaction locale) et une polarisation négative fixe. Après la conception de son amplificateur (ce qu'il considérait comme un hobby), il a délaissé ce créneau au début des années 1950. |
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