Amplificateurs à tubes
Amplificateur mixte avec transistors et pentodes
Aurora HFSA-01

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L'amplificateur Aurora HFSA-01 est un hybride avec des amplis opérationnels et 4 pentodes EL84 dans l'étage de puissance. Une paire de EL84 peut fournir une puissance de 14W, mais avec mes amplificateurs j'ai remarqué que cette puissance est un peu trop faible dans un grand living. Je manque de la puissance et du controle dans les basses. Le tube EL86 peut fournir une puissance un peu plus élevée, mais le tube qui est le mieux adapté à cette situation est le EL508 (le lien vous mêNe vers la description d'un schéma d'un amplificateur hybride complet).

On utilise des EL84 russes dans cet amplificateur. Si vous ne pouvez pas blairer Putine, vous pouvez remplacer les EL84 russes par des EL84 européens produits par JJ Electronic.

La commande se fait par une paire de OPA604A, ce sont des a-ops construits par HP sur les spécifications de Burr-Brown. Ces a-ops sont employés dans les amplis haut de gamme.

Je n'ai pas testé l'amplificateur (qui coûte la modique somme de 3500€), je me suis basé sur mon expérience de constructeur, réparateur et adaptateur d'amplificateurs à lampes.

Des a-ops? Oui, mais...

Les a-ops utilisés sont de très haute qualité, et pourtant je n'utilise jamais d'a-ops pour la commande de mes tubes de puissance:

  • La déviation en tension est limitée à 24Vpp (8.5Vrms), ce qui est suffisant pour commander l'étage de puissance en classe A, mais pas si l'ampli est réglé en classe AB. Je vois en plus que l'étage de puissance est cablé en ultra linéaire (contre réaction locale) ce qui nécessite une commande en tension plus importante. Dans mes circuits j'utilise des transistors haute tension qui permettent un sweep garanti de 120V au minimum (42Vrms), ce qui est suffisant pour attaquer tous les tubes de puissance, même les tétrodes les moins sensibles (PL519 et EL509S).

    Une caractéristique des a-ops, c'est que quand la limite en tension est atteinte ils vont brusquement produire une distorsion très désagréable (clipping).

  • Le facteur d'amplification est de 80dB au minimum (50dB à 40kHz). Cela veut dire que l'amplification sans contre réaction est très élevée (10.000×). Il faut une forte contre réaction pour réduire l'amplification à une valeur normale (signal à l'entrée de 500mV effectifs et signal en sortie de 11V effectifs).

    Les puristes n'aiment pas la contre réaction trop forte dans les amplificateurs à lampes. Le son est mort et stérile, et c'est tout le contraire de ce qu'on recherche avec un amplificateur à lampes. Je ne suis généralement pas d'accord avec ce que racontent les reviewers d'appareils ésotériques, mais ici je leur donne entièrement raison.

  • La distorsion de l'a-op est de moins de 0.01% dans les cas les plus extrèmes, mais ce n'est pas vraiment nécessaire avec un ampli à lampes, dont les EL84 ont un taux de distorsion de 3% (contre réaction débranchée).
Ne peut-on donc jamais utiliser d'a-ops dans les amplificateurs à lampes? Pas nécessairement, j'en utilise un dans un préamplificateur, mais pour une raison bien spécifique... J'utilise un LM741 (en boitier métallique, c'est vous dire qu'il est probablement plus ancien que les tubes que j'utilise dans l'ampli). Cet a-op a une caractéristique particulière, c'est le slew rate limité de 0.5V/µs (voir image d'oscilloscope en bas de page). Cela permet d'éliminer les distorsions qui se situent en dehors des fréquences audio.

Cet a-op limite le slew rate du signal à l'entrée de l'ampli, et cela a une influence positive sur tout l'ampli, car il n'y a plus de changements brusques dans le signal, ce qui réduit les pics de signal qui peuvent apparaitre dans le transformateur de sortie. Un ampli avec préampli avec LM741 produit un son plus agréable qu'un même ampli avec un préampli transistorisé classique, même si l'effet ne se remarque pas si l'a-op est utilisé dans un amplificateur "solid state" (tout transistorisé). C'est l'effet du slew rate limité que améliore les caractéristiques de l'ampli.

Je n'utilise jamais d'a-ops dans la bouche de contre réaction d'un ampli à lampes. Le facteur d'amplification très élevé combiné aux déphasages produits par le transformateur audio font que l'ampli est difficile à controler. Déjà les concepteurs des amplificateurs Williamson ont été confrontés à ce problème à cause du gain élevé de l'ampli sans contre réaction.

Description de l'ampli

Je ne dispose pas du schéma de l'ampli, je ne peux que me baser sur le schéma de principe.

Les étages de puissance sont semble-il à polarisation automatique, donc avec résistance de polarisation cathodique. C'est le système le plus simple qui était utilisé dans tous les amplificateurs en kit des années 1950 (les célèbres amplificateurs Mullard). Aucun réglage n'était nécessaire car l'ampli était auto-correcteur.

Mais ce type de montage a comme inconvénient que le point de fonctionnement se déplace selon la puissance à fournir. La dissipation dans le tube est maximale quand le tube ne doit fournir aucune puissance. Le courant de repos doit être réglé en tenant compte de la dissipation maximale au repos. Quand l'ampli doit fournir une puissance élevée, la dissipation devient moindre, mais la puissance que l'ampli peut fournir a été limitée par la dissipation maximale au repos.

La polarisation par résistances cathodiques fait que les lampes doivent en permanence fonctionner à leur dissipation maximale (12W), ce qui n'est pas optimal si on veut une longue durée de vie des tubes. J'ai adapté certains amplificateurs des années 1950 en ajoutant une polarisation par tension négative et la puissance disponible augmente de 10% (tout en réduisant la dissipation anodique).

La polarisation automatique n'est plus employée que pour les amplis single ended, où c'est le meilleur système.

Une autre remarque, c'est l'endroit où le signal pour le casque est prélevé, notament à la sortie de l'ampli comparateur après la contre réaction. S'il y a un endroit où il ne faut surtout pas prélever de signal pour le casque, c'est dans la boucle de contre réaction.

L'endroit où la distorsion est la plus élevée de tout l'ampli, c'est après le comparateur qui compare le signal à l'entrée avec le signal à la sortie. Le signal en sortie du comparateur contient en plus une composante pour compenser la distorsion dans les étages de puissance (ou pour tenter de la compenser, si l'étage de puissance est surchargé).

L'image d'oscilloscope (d'un autre ampli) montre très bien l'effet: nous avons en jaune le signal à l'entrée, en violet le signal en sortie (prélevé ici sur l'anode d'un tube de puissance) et en bleu le signal après le comparateur.

On remarque que le signal en sortie est applati en haut, causé par un des tubes qui a une émission moindre et qui ne peut plus fournir le courant demandé. La contre réaction va tenter de compenser ce manque en envoyant un signal de commande plus important. Le signal bleu a un pic plus important pour tenter de compenser l'amplification trop faible d'un des tubes de puissance. Et c'est ce signal fortement déformé que nous voudrions envoyer au casque d'écoute!

Brancher le casque dans la boucle de contre réaction est donc banni. On peut brancher le casque sur la sortie (avec une résistance réductrice de l'amplitude) ou prélever le signal sur quelques spires au secondaire du transfo. Ou bien après le réglage du volume, avec un a-op adapté pour augmenter l'amplitude du signal. Il existe des a-ops spécialement conçus pour ce travail, comme les célèbres 4556.

look démodé

L'amplificateur a un look très désuet, sans les tubes de puissance visibles. Les transformateurs de sortie sont placés très près de la face avant mais ne sont pas visibles non plus.

Il y a deux petits panneaux en bois, mais ils ne contribuent pas à donner une meilleure apparence à l'ampli, au contraire cela lui donne un look encore plus ringard, qui ressemble trop aux premiers amplificateurs à transistors américains et japonais (années 1960). Ces amplificateurs Solid State avaient une qualité sonore désastreuse et ont gâché pour de nombreuises années la réputation des amplificateurs à trtansistors. Cela vaut même plus la peine de tenter de réparer un ampli solid state de cette période.

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