Amplificateurs à tubes
La contre réaction de Schade
Contre réaction

La contre réaction de Schade est une contre réaction qui va de l'anode du tube de puissance vers sa grille de commande. C'est donc une contre réaction locale.
-

-

Cette forme de contre réaction a été présentée par un certain O.H. Schade en 1938. je n'ai pas plus d'informations concernant cette personne, sauf qu'elle aurait aidé à la réalisation des premières tétrodes à faisceau dirigés (6L6). La contre réaction est locale, elle agit entre l'anode du tube de puissance et la grille de commande du même tube. Ce type de contre réaction a été utilisé avant l'invention du montage ultra linéaire, qui est également une forme de contre réaction locale.

Une partie du signal en sortie de l'étage de puissance est renvoyé vers la sortie de l'étage d'attaque, et donc en fait vers la grille de commande de l'étage de puissance. C'est comme si la résistance de 1M allait vers la résistance de 1.5k, mais sans que la grille ne soit rendue positive par le courant dans la résistance.

On place parfois un petit condensateur de faible valeur (< 100pF) en parallèle sur la résistance, ce qui limite la bande passante dans les fréquences élevées. Ce système était souvent utilisé dans les radios AM pour réduire les parasites radio; la bande passante était de toute façon limitée à 4.5kHz. C'est un bon système qui permet de réduire les instabilités dans l'étage d'amplification. Parfois on ne retrouve qu'un petit condensateur (sans résistance).

La contre réaction de O.H. Schade est principalement utilisée dans les amplificateurs single ended parce que c'est un système très simple qui fonctionne bien. Dans un ampli SE on tente de limiter au maximum le nombre de composants (moins de pièces = appareil moins cher, surtout dans les années 1950). Une contre réaction globale peut parfois être instable et un transformateur ultra linéaire est trop cher dans cette situation.

Exemple de contre réaction

Voici un amplificateur plus complexe, j'ai indiqué la contre réaction de Schade en rouge.

L'amplificateur ressemble à un Williamson, mais ce n'est pas un Williamson: l'étage d'attaque n'est pas un long tail (déphaseur de Schmidt). Les deux phases sont produites dans la triode et les résistances anodiques et cathodiques doivent être pairées.

Il y a une seconde contre réaction en vert: de l'anode de l'étage de puissance vers la cathode de l'étage d'attaque. La contre réaction verte est souvent utilisée dans les amplificateurs plus puissants car elle englobe également l'étage d'attaque dans la boucle de contre réaction.

Les distorsions les plus importantes sont produites dans l'étage de puissance, mais également dans l'étage d'attaque, surtout si l'amplificateur doit fournir une puissance élevée. Cette seconde contre réaction réduit l'amplification de l'étage de puissance et de l'étage d'attaque et fait que la contre réaction globale ne rend pas l'ampli instable.

L'amplificateur a en effet aussi une contre réaction globale (en bleu). La présence de la contre réaction locale fait que l'effet de la contrte réaction globale peut être limité.

C'est un amplificateur interessant à plus d'un titre, c'est pour cela que je donne un peu plus d'explications.

L'étage préamplificateur est formé par une triode-pentode 7199, une lampe conçue spacialement comme étage préampli et déphaseur cathodyne. Cette lampe a aussi été utilisée dans l'amplificateur Dynaco ST-70, l'amplificateur le plus vendu au monde. Un tube avec des caractéristiques identiques est le 6U8A (mais avec un brochage différent). En Europe on utilise un ECF80 ou ECF82, des tubes qui ne sont pas conçus pour l'amplification audio, mais qui fonctionnent très bien.

Le 6CB6A est une tétrode à faisceaux dirigés pour des applications moyenne fréquence (jusqu'à 20MHz). Cette lampe est comparable à notre EF80, mais a une grille suppresseuse sous formes de deux plaques qui concentrent le flot d'électrons. On utilise deux lampes comme étage d'attaque.

Le 7027A est une version améliorée de la lampe 6L6 (qui n'a pas été conçue spécifiquement pour des applications audio). La construction est similaire à celle d'une 6L6 mais a un branchement un peu différent. La dissipation anodique est de 35W au lieu de 30W. Il n'y a plus de différences entre les deux lampes dans la production actuelle.

La tension de la grille écran des 7027A est stabilisée; ce qui permet d'atteindre une puissance audio plus élevée sans dépasser la dissipation maximale. La stabilisation permet d'avoir un courant de repos plus faible dans les tubes de puissance. La lampe 6GF7 est une double triode asymmétrique qui était utilisée dans la déflection verticale des téléviseurs monochromes (mais qui pouvait également être utilisée comme petit amplificateur audio).

Là où le montage OH Schade ne peut pas être utilisé

Je vois souvent passer des schémas qui ne tiennent vraiment pas la route. Il s'agit d'une combinaison de plusieurs schémas acceptables, mais la somme est un monstre de Frankenstein.

Le circuit est simple et standard: un étage préampli, un cathodyne (ECC83) et un étage de puissance (EL34) pour une puissance de 20W. Mais qu'est ce qui cloche?

Le concepteur s'est basé sur un ampli single ended (préampli + ampli) et a ajouté un déphaseur pour commander la seconde pentode. Comme le montage original avait une contre réaction de Schade, le concepteur l'a reprise dans son montage push pull.

Quand l'ampli a été testé, le son était désagréable avec une tendance à l'oscillation. Le concepteur a fait des tests sans la contre réaction et la qualité du son était bien meilleure. Le plus bizarre était que quand il remettait uniquement la contre réaction supérieure l'amplitude diminuait (ce qui est normal avec une contre réaction), mais quand il replaçait uniquement la contre réaction inférieure l'amplitude devenait plus grande que sans contre réaction.

La raison est simple; nous suivons le signal de la contre réaction inférieure. Nous avons sur l'anode un signal positif (comme sur l'entrée, mais avec une amplitude plus élevée). Le signal est atténué et arrive sur la grille de commande de la pentode (ce qui est souhaité). Mais le signal arrive également suir la cathode du cathodyne et est amplifié (une lampe a plusieurs entrées). La triode amplifie le signal sans inversion de phase et le signal se retrouve amplifié sur l'anode où il s'ajoute au signal normal. L'amplitude du signal sur l'anode est plus élevé que ce qui aurait normalement du être le cas: nous avons crée une contre réaction positive.

Le schéma a encore un autre problème: le courant dans la résistance rouge produit une polarisation trop faible pour le cathodyne (la tension sur la cathode est trop élevée). Et encore un troisième problème (mais qui n'a plus d'importance): le montage cathodyne a une impédance différente sur les deux sorties, ce qui fait que l'influence de la contre réaction est différente sur l'anode et sur la cathode.

Pour faire simple: ce montage Frankenstein ne fonctionne pas. Ici on ne peut utiliser qu'une contre réaction globale ou

  • éventuellement un montage ultra lineaire avec un transfo adapté (les lampes EL34 fonctionnenet très bien en UL).
  • ou enlever les électrochimiques de l'étage de puissance, l'inconvénient c'est l'augmentation de l'impédance de sortie de l'ampli (réduction de la puissance et mauvais amortissement des haut parleurs).
Dans ces deux cas nous avons une contre réaction locale autour de l'étage de puissance. A cause de la contre réaction il faut un signal plus important pour attaquer les pentodes, ce qui fait que maintenant c'est le préampli et le cathodyne qui produisent le plus de distorsions. C'est pour cela que les bons ampli utilisent ici une contre réaction globale, qui réduit les distorsions causées par tous les étages.

Une contre réaction locale est malgré tout passible, c'est la partie mauve. Cette contre réaction fonctionne sans problèmes. Le signal positif de l'anode est renvoyé vers la grille du cathodyne. Le petit condensateur bloque la composante continue. Grace au couplage des bobinages le signal de contre réaction est à l'image du signal en sortie.

Publicités - Reklame

-