Le 6LU8 est un préampli et étage de puissance pour les télés couleurs américaines. Un tel tube est idéal pour un ampli hifi: le tube peut fournir un courant important (pour des basses solides et bien définies) et a un fonctionnement linéaire (nécessaire pour la déflection verticale à 50Hz).

L'amplificateur dans son entièreté est assez standard avec une première triode qui sert comme amplificateur en tension, la seconde comme déphaseur cathodyne et puis les deux tétrodes comme étage de puissance avec polarisation par résistance cathodique.

Ce qui cloche c'est la contre réaction. Nous avons tout d'abord une contre réaction qui va du secondaire du transfo vers l'étage préampli, mais il y a également une contre réaction du cathodyne vers le préampli. Mais que reçoit la cathode en fin de compte? On pourrait penser qu'il s'agit du signal de la sortie, qui est le plus puissant. Mais il est atténué par une résistance de 3.6k&Oega;. On a plutôt un signal qui va du cathodyne vers le préampli car ce signal est à plus basse impédance. Mais quand on regarde bien, il s'agit d'une contre réaction positive, qui va augmenter le gain (et les distorsions).

Nous avons aussi une contre réaction locale de la sortie vers la cathode des tétrodes de puissance. J'ai fait des tests avec ce genre de circuit et j'en connais les inconvénients. L'étage de puissance de la déflection magnétique des téléviseurs a généralement une sensibilité réduite, par exemple 7.3Vrms pour une puissance de sortie de 10W. Le signal en sortie fait alors environ 8Vrms, dont la moitié est envoyé à la cathode. La tension alternative pour commander le tube ne fait alors plus 7.3V mais 15Vrms ou 42Vp-p.

La tension alternative est encore plus importante car la grille écran doit être référencée par rapprt à la cathode. Or la grille écran est référencée par rapport à la masse. C'est une contre réaction supplémentaire qui diminue encore un peu plus le gain de l'étage.

Le préampli et le cathodyne ne peuvent pas fournir un tel signal; les tests que j'ai effectué ont démontré que le préampli produit plus de distorsions que l'étage de puissance et je n'ai plus utilisé une telle contre réaction locale. C'est peut être la raison pour laquelle le concepteur a ajouté une contre réaction positive, mais ce n'est jamais une bonne solution. Il y aura toujours une distorsion importante à la sortie du cathodyne.

La solution: éliminez le condensateur de 100µF, remplacez la résistance de 270Ω par un pontage. Mettez éventuellement un petit condensateur de 470pF au maximum en parallèle sur la résistance de feedback. Assurez-vous que le filtre de 220pF + 1kΩ soit encore nécessaire. Mettez les deux électrochimiques de 1000µF avec le moins à la masse.

La tension de la grille écran doit être stabilisée ou on peut utiliser un transfo d'alimentation à prise médiane qui nous fournit une demi-tension d'alimentation.

La puissance qui peut être obtenue correspond à celle d'un ampli avec PL508, donc environ 20W avec un faible taux de distorsion.

Le circuit suivant est bien meilleur, et vous pouvez le reprendre tel quel.

La tension de la grille écran est stabilisée par une diode zener et il faut prévoir un courant de repos dans la zener de 22mA pour éviter que la tension ne chute quand les tétrodes travaillent à puissance maximale.

Si vous ne trouvez pas de 6LU8 vous pouvez ici aussi utiliser la double triode assymmétrique ECC832/12DW7 et deux EL508 en sortie. Il faut augmenter la résistance anodique du préampli à 120kΩ pour avoir la tension correcte à l'entrée du cathodyne (90V).

La contre réaction est de 14dB et la puissance de 12.5W. Le courant de 60mA est pour les deux tétrodes, ce qui porte la dissipation anodique à une valeur de 8.75W. La polarisation automatique par résistance cathodique est la meilleure méthode pour avoir une dissipation qui ne dépasse pas les limites.

Une différence dans le courant de repos peut être compensé par l'ajustable: c'est le système le mieux adapté dans ce cas. C'est un circuit simple, mais très bien fait.