Amplificateurs à lampes
Amplificateur Peterson/Sinclair
SRPP

Le montage Peterson/Sinclair est un montage spécifique de l'amplificateur SRPP. Il utilise dans sa version standard des triodes avec un gain très faible (tension de polarisation très élevée).
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J'ai retrouvé cet amplificateur dans un ancien numéro du Haut Parleur, une revue consacrée à la hifi. Le schéma est bizarre à plus d'un titre.

Préamplificateur Williamson

La partie préamplificatrice est à première vue assez classique: une triode préamplificatrice suivie d'un déphaseur cathodyne. Le tube employé est ici un 12AU7 (comparable à un ECC82) qui n'est pas vraiment à sa place ici. On aurait mieux fait d'utiliser un ECC81 ou un ECC83 qui permettent d'obtenir une amplification plus forte. La résistance de charge du cathodyne est par contre tellement faible (37.4kΩ) qu'on est bien obligé d'utiliser ce tube. Et pourquoi 37.4k et pas 39k (valeur standard)? Dieu seul aurait pu me le dire, mais comme il ne répond pas, je crains que je vais rester sur ma faim...

Il n'est pas nécessaire d'utiliser des résistances de 1%, les lampes ont une tolérance de 10% ou plus et c'est à l'étage suivant qu'on corrige les différences entre les deux sorties. La valeur des résistances peut aller de 47 à 100kΩ 5% (les deux résistances doivent être identiques, mais leur valeur exacte n'a pas grande importance).

L'étage suivant est un montage long tail. Il est ici plus important d'avoir des résistances de valeur identique, car c'est ici que les différences éventuelles entre les deux canaux sont éliminées. La triode double utilisée est une triode qu'on ne retrouve plus tellement, une 12BH7. C'était un tube qui était utilisé dans la déflection verticale d'un oscilloscope des années 1950. Le tube peut fournir 20mA par triode avec une dissipation de 3.5W. µ = 20 et pente = 5mA/V. On peut remplacer par une ECC82.

Je ne vois pas la raison d'utiliser ce tube spécifique à cette place: le tube commande un circuit à cathode suiveuse, un montage qui a une impédance d'entrée très élevée. La résistance d'anode de ce tube aurait pû être de 100kΩ ce qui nous aurait permi d'utiliser une triode plus classique. Le tube ECC82 est traditionellement utilisé comme étage d'attaque pour commander des tubes qui nécessitent un sweep élevé (KT88, EL34 ou PL519).

Ces 4 triodes forment un montage Williamson classique avec préampli, étage déphaseur et long tail. La seule différence c'est qu'on utilise des tubes qui ne sont pas vraiment à leur place ici.

Montage Peterson/Sinclair

On arrive maintenant à la partie Peterson - Sinclair, qui est une version spéciale du montage SRPP. Arnold Peterson et Donald Sinclair ont déposé un brevet pour ce type de montage dans les années 1950. Le schéma à droite montre le principe. La même tension continue doit se développer sur les deux résistances de valeur identique, ce qui nécessite la présence d'une tension négative.

Un tel montage ne peut fonctionner que s'il y a une chute de tension suffisante sur les deux résistances rouges. La triode supérieure doit donc avoir une tension de polarisation de grille élevée (de l'ordre de 100V). Comme la triode inférieure doit être identique, il faut avoir une tension négative pour arriver à la tension de polarisation correcte.

Dans l'étage de puissance on doit utiliser des triodes 6080, 6AS7G ou ECC230 (type européen).

Normalement on va utiliser un montage simple (deux triodes de puissance comme dans le schéma de principe), dans le montage du Haut Parleur on utilise deux montages SRPP identiques qui commandent le transfo de sortie dans un montage en pont.

Ce montage ne permet pas d'utiliser des triodes de puissance normales (genre ECC99), mais on peut éventuellement utiliser des tétrodes à faisceaux dirigés, un système que je vais bientot tester.

Réglages de l'ampli

La mise en route se fait sans transformateur connecté et sans signal à l'entrée. On règle le courant au repos dans les deux triodes de commande avec P1 et cela modifie également le courant dans les tubes de puissance. Le courant dans les deux branches doit être de 50mA. La tension sur la grille de la triode inférieure est alors de -120V environ et la tension d'anode de 200 à 220V. On règle P2 et P3 pour avoir une différence de tension nulle entre les points A et B où on va brancher le transfo. On connecte le transfo quand il n'y a plus de différence.

Les résistances de 4MΩ servent à assurer l'équilibrage de l'ampli, on peut également utiliser des résistances de 3.9MΩ qui est une valeur standard.

Comme transformateur, on peut utiliser un transformateur pour ligne de sonorisation 100V.

La contre-réaction peut être adaptée au besoins. Malgré le nombre élevé de tubes, l'amplification n'est pas très forte, on ne peut donc pas utiliser une contre réaction trop poussée qui réduirait trop la sensibilité de l'ampli. Avec une contre réaction très forte, on réduit la réponse sur transitoires, le son devient assez désagréable. Une contre-réaction faible réduit trop peu les distortions.

L'ampli devrait donner un bon signal, comme tous les amplis SRPP. Un tel montage est d'office plus stable qu'un ampli push pull classique, mais je n'ai pas d'expérience avec ce montage.

Comme la plupart des montages publiés quelque part, j'ai des objections concernant ce montage:

  • Le choix du tube préampli n'est pas optimal, l'étage driver est surdimensionné pour commander un étage à cathode suiveuse. Ce n'est pas un défaut rédhibitoire, mais cela aurait pû être mieux conçu.

  • Un montage SRPP simple a une impédance de sortie assez basse, qui est doublée ici par le montage en pont.

  • Les triodes utilisées ici sont spéciales (6AS7G, 6080 of ECC230) et on n'en trouve plus beaucoup. Ces triodes ont une impédance de sortie très basse, mais ce sont également des tubes qui ne sont pas destinés à un amplificateur. Le montage Peterson/Sinclair dans cette version oblige à utiliser des tubes de ce type.

Caractéristiques des lampes 6AS7G, 6080 ou ECC230

Ce sont des lampes qui étaient conçues à l'origine comme tube de puissance dans les alimentations stabilisées. Les deux triodes d'une lampe ne sont pas très linéaires et ne sont pas appairées. Ce tube existe aussi en version russe (évidemment...) où on remarque des différences de courant jusqu'à 50% pour une même polarisation. Chaque triode peut fournir 125mA, donc 250mA pour une lampe.

Pour fournir un courant anodique aussi important, il faut que la puissance de chauffage soit également importante: le chauffage consomme 16W par tube (et la haute tension n'est même pas encore enclenchée). Dans un ampli, il faut ainsi une puissance de 64 ou 128W uniquement pour le chauffage des tubes de puissance. C'est beaucoup en comparaison d'un PL519 qui ne demande que 12W pour un courant anodique de 400mA.

La grille de controle qui est placée à distance de la cathode ne produit qu'une amplification d'un facteur µ = 2. Cela explique que ces tubes ont besoin d'une tension de polarisation de -100V. La distance importante entre la grille et la cathode est nécessaire pour éviter que la grille ne soit contaminée par les particules issues du bombardement ionique de la cathode.

Les tubes ont des caractéristiques mal définies: il est pratiquement impossible de trouver deux tubes pairés et même à l'intérieur d'une lampe les deux triodes peuvent avoir des caractéristiques différentes.

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