Enregistreur à fil
Avant l'arrivée des enregistreurs à bande et puis à cassette, nous avons eu les enregistreurs à fil. Ces appareils étaient utilisés comme dictaphone dans les entreprises et puis ont fait leur entrée dans les ménages. Les enregistreurs utilisés dans les entreprises étaient surtout de fabrication américaine (les yankees ne nous ont pas seulement apporté le coca-cola, le chewing gum et le plan Marshall pour payer tout cela, mais aussi l'enregistreur à fil et les machines de bureau IBM). Ce sont les ACEC (Ateliers de Constructions Electriques de Charleroi) qui ont lancé l'enregistreur à fil dans les ménages.
L'enregistreur à fil avait comme avantage ses bobines nettement plus petites (à peine quelques centimètres de diamètre) pour une durée d'enregistrement de une heure. |
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L'appareil n'a que deux fonctions mécaniques: en avant et rebobiner. L'avance rapide n'est pas possible car il y a un risque que le fil saute de son guide et fasse des noeuds. Il n'est pas possible de démèler un fil d'enregistrement. Le rebobinage rapide est possible car la bobine sur laquelle le fil est bobiné est plus grande. Cette bobine sert également de plateau pour les disques 78 tours. La vitesse de rebobinage est de 7× la vitesse normale. Les appareils qui étaient utilisés en studio avaient un plateau amovible permettant de démarrer une nouvelle lecture sans avoir à attendre le rebobinage. Le fil était entrainé à 60cm par seconde (compare cela à la vitesse de la bande dans les cassettes compact: 4.75cm/s). Malgré cela, on pouvait enregistrer une heure sur une bobine car le fil était très fin: environ 50µm. Il y avait 3km de fil sur une bobine. Grâce à l'utilisation d'un fil en acier, on obtenait des magnétisations supérieures à celles possibles avec des bandes magnétiques à l'oxyde de fer. Comme le signal enregistré était plus puissant, on pouvait se passer d'un tube de préamplification. L'entrefer était de 0.1mm; c'est nécessaire pour magnétiser le fil en profondeur (et cela explique également la relativement mauvaise bande passante). La qualité est mauvaise selon les normes hifi (300-5000Hz ± 5dB, à peine meilleur qu'une émission radio en ”grandes ondes“ ou ”petites ondes“ (comme on disait à l'époque)). La mauvaise qualité provenait surtout du microphone à cristal (qui produit un signal plus puissant, nécessaire car l'appareil a un tube d'amplification trop peu). Les enregistrements sur fil magnétique sont caractérisés par une dynamique variable et une vitesse pas très constante car la plupart des appareils prévus pour l'enregistrement de la voix n'ont pas de cabestan. Et ainsi la vitesse de la bande augmentait au fur et à mesure que la bobine réceptrice se remplissait. Cela ne portait pas à conséquence tant que le fil enregistré n'était pas coupé pour être mis sur plusieurs bobines. Mais un enregistrement des années 50 peut encore être lu sur l'appareil d'origine, tandis que des bandes magnétiques d'époque sont perdues à tout jamais à cause du plastique qui se désagrège et de la couche d'oxyde qui se détache. Les enregistreurs à fil ont eu leur heure de gloire dans les années 50 et étaient utilisés jusque dans les années 70. On écoutrait surtout les émetteurs sur les grandes ondes (Europe 1, RTL) et la qualité sonore n'était pas vraiment importante. Les utilisateurs sont restés fidèles à leur enregistreur à fil. Une petite réfection suffit généralement à remettre les appareils en ordre de marche. Maintenant, on peut parler de succès si ton lecteur de DVD tient le coup plus de 2 ans! Les enregistreurs à bande sont apparus quelques années plus tard. Ils étaient plus chers et les deux appareils ont co-existé pendant de nombreuses années. Les bandes étaient originellement faites en papier sur lequel on collait une couche d'oxyde de fer. La qualité sonore était exécrable. Les bandes en plastique sont apparues très vite, mais elles avaient comme inconvénient qu'elles fondaient à la fin d'un enregistrement (à cause de la tête d'effacement très chaude). Il fallait vite retirer la bande pour éviter qu'elle ne colle à la tête! Une des premières applications date de la seconde guerre mondiale: les messages en morse étaient enregistrés à vitesse normale et émis à vitesse élevée pour éviter que l'armée allemande ne puisse localiser l'émetteur en territoire ennemi.
Mode d'emploi
Le schéma montre la tête d'enregistrement/lecture. En enregistrement, le fil est d'abord effacé par un courant haute fréquence intense, puis enregistré par le second entrefer. La prémagnétisation qui permet un meilleur enregistrement est effectué par une dérivation du courant d'effacement. La prémagnétisation permet d'éviter la courbe de réponse très peu linéaire du fil magnétique (hystérésis). En superposant au signal à enregistrer un signal haute fréquence de faible amplitude, on obtient un enregistrement plus fidèle. En lecture, on utilise la même tête. L'enregistrement est longitudinal en profondeur, ce qui permet d'aviter les drop outs quand le fil est tourné. Le Sonofil fabriqué par les ACEC a également été vendu par d'autres entreprises: ces entreprises achetaient une mécanique toute faite et y ajoutaient leur propres circuits électroniques. MBLE (Manufacture Belge de Lampes et de matériel Electronique) vendait une combinaison radio-enregistreur à fil. Il n'y a pas vraiment de standard d'enregistrement, mais cela n'a pas tellement d'importance car le signal est enregistré sur tout le fil (il n'y a pas de pistes comme avec un enregistreur à bandes ou un magnétoscope. L'enregistrement sur fil peut être lu par tout appareil qui fonctionne encore. Le seul problème qui peut apparaitre c'est une vitesse de lecture qui ne correspond pas. La qualité audio correspond à un signal radio AM. Pour lire les anciens enregistrements, je vous conseille de prendre contact avec un musée qui dispose encore d'un enregistreur à fil en état de marche. Il s'agit surtout de musées en ligne tenus par des amateurs éclairés (anciens techniciens). Lentement on est passé à l'enregistreur à bandes magnétiques. Et puis est venu une nouvelle invention belge, la Compact cassette. |
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