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La fin d'une époque
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Quand j'ai été renvoyé, je me suis directement présenté aux bureaux d'intérimaires de ma région. Qui en effet peut être à mieux de savoir quel travail est disponible pour moi?
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Tous les bureaux sont situés les uns à coté des autres, près de la gare, là où se trouvant les bordels


Mission: impossible
Réparer dix cafétières chez dix clients


Pratiquement toutes les embauches passent par des bureaux de recrutement

Vous avez déjà remarqué que les bureaux d'intérim sont principalement situés autour des gares (là où se trouvaient les bordels). A Ostende, il y a près de 20 bureaux d'intérimaires situés dans un rayon de 500m. J'ai donc imprimé une vingtaine de CV et je me suis présenté...

Premier bureau. Je suis reçu par une jeune dame, elle ne prend même pas la peine de lire mon CV (je ne sais même pas si elle sait lire, mais c'est pas vraiment nécessaire pour son boulot). Elle veut me placer dans un casier: vous travaillez dans l'hôtellerie? la pêche? la vente? l'industrie? Encore heureux qu'elle ne m'ait pas demandé si j'étais un étudiant jobbeur (ou alors elle l'a oublié).

Employé ou ouvrier? Quand je lui ait répondu que je faisait le travail d'un employé avec un statut d'ouvrier elle a commencé à flipper. Trop compliqué pour elle, il n'y a que deux cases sur le formulaire à remplir. Je ne sais pas ce qu'elle a rempli sur le formulaire, mais 2 ans plus tard, je reçois toujours des textos me demandant de me présenter pour un emploi (alors que ca fait déjà 2 and que j'ai un emploi fixe).

Deuxième bureau, encore une jeune dame, ici pas de formulaires et de cases à cocher, mais ici, on est entre copains. T'as pas envie de travailler pour l'entreprise XYZ? C'est pas loin, c'est plein de jeunes, c'est une entreprise dynamique dans un secteur en pleine expansion, etc,... Tout le baratin quoi. Trop beau pour être vrai.

J'apprendrai plus tard que si l'entreprise XYZ travaille avec tellement de jeunes, c'est parce qu'ils ne restent jamais très longtemps, avec un travail de forcené et un salaire minimum dans une fabrique de meubles. Pas étonnant que le bureau d'intérim soit si positif pour leur meilleur client. Que je n'ai aucune qualification de menuisier ne semblait pas les déranger outre mesure: ils sont payés sur le nombre de demandeurs d'emploi qu'ils apportent à l'entreprise, par sur leurs qualifications...

Troisième bureau, ici c'est une maison de standing au centre de Bruges, le parking est payant au tarif maximum de la ville (2€/heure à l'époque). Je dois introduire moi-même mes données sur ordinateur, j'en ai pour près d'une heure, car ils veulent vraiment tout savoir sur moi. Pas possible de laisser une case en blanc, car si tu envoie le formulaire avec une case laissée vierge, tu te retrouve littéralement à la case départ avec un formulaire vierge et toutes tes réponses précédentes effacées.

Il recherchent surtout des cadres: des techniciens qualifiés, des professeurs, etc. Je suis sûr d'être qualifié, j'ai une bonne expérience (j'ai donné des cours de photographie). Mais hélas, c'est aussi le bureau qui m'a le moins transmis de vacatures.

Quatrième bureau, de retour à Ostende. Je recherche un boulot comme opérateur dans la chimie. Je m'y connais assez bien en chimie (aussi), je sais comment se déroulent les procédés chimiques (l'effet de la température, de la pression, des catalysateurs, etc), je sais quels capteurs l'industrie utilise, les boucles 4-20mA, les systèmes de régulation, etc. Plus de réponse de mon inscription, ce qui fait que je me présenterai en personne la semaine prochaine.

Je suis donc rentré avec presque tous mes CV dans ma voiture. Pas la peine de continuer l'expérience...

Il est à remarquer que la plupart des entreprises font appel à un bureau d'intérim (ou de sélection), alors qu'il y a 15 ans l'entretien d'embauche pour mon emploi précédent était fait dans l'arrière cuisine. C'est une conséquence de la globalisation à outrance, qui fait que les entreprises deviennent tellement grandes qu'il n'y a plus personne sur place qui s'occupe de l'embauche et de la sélection des candidats.

Même si tu veux éviter de passer par les bureaux, la plupart des demandes d'emploi se font via ces canaux. Prenons une entreprise dans l'agro-alimentaire: même s'il y a le nom d'une grande marque sur la facade, l'entreprise est en fait un sous-traitant dépendant d'un grand groupe industriel, qui fournit tout aussi bien sous ses marques propres, que sous la marque d'un distributeur. Ton embauche et ton renvoi sont décidés par un logiciel qui tourne au siège de la maison-mère.

Les bureaux d'intérim sont surtout à la recherche de personnes avec peu de qualifications, pour effectuer des boulots que personne ne veut faire. On a essayé de m'engager pour une entreprise de réparation à domicile pour des machines à café automatiques. Un des modèles photos avec qui j'ai travaillé dans le passé a travaillé quelque temps pour une telle entreprise (qui a fait faillite entretemps).

En gros, le boulot se limite à réparer des cafétières automatiques chez le client. Le hic, c'est que tu dois effectuer 10 réparations par jour pour que ton petit patron indépendant sorte du rouge. Mapsource indique que c'est possible: tu as même 30 minutes pour réparer l'appareil chez le client. Avec les files, les zones-30, le manque de parking à proximité, cela signifie qu'en pratique, tu n'es rentré que vers minuit.

Les bureaux d'intérim n'arrètent pas de me téléphoner pour des emplois, mais pas la peine de te déranger: c'est de la merde. Ce sont tous des noulots qui ne me conviennent pas. Ce n'est pas parce que je suis technicien, que je peux réparer des engins de levage ou des aspirateurs à longueur de journée. Je ne dois pas avoir de qualifications pour devenir mécanicien dans un garage, par contre pour pouvoir effectuer des traductions, il me demandent un diplome universitaire (et encore, c'est pour des traductions techniques).

Et le comble: un des bureaux de sélections avait un emploi de technicien à la Marine (où je travaille maintenant), mais n'a pas jugé bon de me transmettre les coordonnées de l'employeur.

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