Les premières centrales électriques étaient équipées d'une génératrice à courant continu (dynamo de Zénobe Gramme). L'entrainement se faisait par une machine à vapeur. |
- Musée “Stoom en Stroom” à Izegem
Courant continu et alternatif
Machine à vapeur + dynamoLa production d'électricité commence à la fin du 19e siècle. On utilise une machine à vapeur entrainant une dynamo. La dynamo produit un courant continu qui est principalement utilisé pour l'éclairage public. On appellera plus tard le courant monophasé le courant-lumière, pour faire la différence avec le courant triphasé qui était surtout utilisé pour des moteurs (force motrice). Le courant continu produit par une dynamo est toujours monophasé. Les alternateurs produisent toujours du triphasé, dont on n'utilise qu'une phase pour l'éclairage et les petits consommateurs. En 1901, la ville d'Izegem en Flandre Occidentale construit une des premières centrales électriques (pour tenter déjà de réduire la criminalité transfrontalière?). La centrale est construite entre le canal et le chemin de fer, assurant un approvisionnement continu en charbon. L'eau est également puisée du canal. D'autres centrales électriques en Flandre, comme la centrale de Zwevegem seront également construite près du canal (cette centrale passera rapidement au turbo-générateur). Le but de la centrale d'Izegem est de fournir du courant aux utilisateurs locaux. C'est une région manufacturière avec de nombreux ateliers qui doivent être éclairés le soir en hiver (au début, on ne prévoyait d'ailleurs qu'une production pendant les soirées d'hiver). Des industriels locaux avaient parfois installé des machines à vapeur pour produire de la lumière et de la force motrice. La centrale électrique d'Izegem se composait à l'origine de deux machines à vapeur et de deux dynamos de 40kW auquel s'ajoute une batterie d'accumulateurs de 455Ah pour fournir du courant quand la machine à vapeur ne tourne pas. L'avantage du courant continu est qu'il peut directement être utilisé pour charger des batteries (il faudra encore attendre près de 30 ans pour avoir les premiers redresseurs et ceux-ci étaient trop faibles pour recharger des batteries). La vitesse de rotation de la machine peut varier, puisque le courant continu n'a pas de fréquence. Le courant fourni est de 180A, ce qui nécessite un bobinage relativement épais par rapport à la puissance fournie.
Machine à vapeur + alternateurC'est le rotor tournant plongé dans un champ magnétique fixe qui produit le courant dans une dynamo. Tout le courant doit passer par le collecteur. Dans un alternateur, c'est le rotor qui produit un champ magnétique tournant et le stator fixe produit le courant. Il suffit de transmettre un courant d'excitation plus faible au rotor. Un commutateur n'est pas nécessaire, on se contente de deux anneaux circulaires pour transmettre le courant d'excitation (et dans certains alternateurs on peut totalement s'en passer). Dans l'entre-deux guerres, on passera au courant alternatif, en gardant une dynamo pour fournir du courant au centre-ville. La dynamo, montée sur le même axe, fournira également le courant d'excitation de l'alternateur. A Izegem on a choisi une machine à vapeur classique au lieu d'un turbo-générateur (pourtant déjà bien établi) car il fallait continuer à produire du courant continu pour le centre-ville (575kW 230V 2500A). Les dynamos préfèrent une vitesse de rotation plus lente (qui use moins les balais), et c'est ainsi que Izegem s'est retrouvé en 1936 avec une des dernières machines à vapeur. Le graissage s'effectue par un goutte-à-gouttes (également techniquement dépassé) au lieu d'un circuit haute pression. Les faubourgs et les nouveaux quartiers seront tous fournis en courant alternatif. L'alternateur fournit 600kVA sous 10kV. Cette tension de 10kV sera un standard de facto pendant de nombreuses décennies, mais pour le transport de l'électricité (de ville à ville) on passera à des tensions encore plus élevées. Passé la seconde guerre mondiale, les petites centrales ne pouvaient plus faire la concurrence. La centrale d'Izegem a continué à produire continuellement jusqu'en 1950 et puis a servi à absorber les pics de consommation jusqu'en 1955 environ. Une machine à vapeur tourne relativement lentement (environ 100 tours/minute), ce qui nécessite soit un engrenage, soit de nombreux enroulements pour obtenir la fréquence du réseau (50Hz). L'engrenage produisant trop de pertes, on préfère utiliser le volant d'inertie comme génératrice. Les bobines d'excitation qui produisent le champ magnétique sont montées sur le volant d'inertie, tandis que le stator qui l'entoure contient le bobinage qui produit le courant (l'induit). Le champ magnétique tournant produit un courant dans l'induit (le stator). Déjà on utilise un induit triphasé ayant un meilleur rendement. On s'est rendu compte assez vite que la machine à vapeur d'Izegem de 1650CV (1.2MW dont 600kVA en alternatif et 575kW continu) était un objet unique. La machine à vapeur et les génératrices de 1936 sont classées comme monument historique en 1978.
Turbine + alternateur |
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